-Lettre du 24 mai 1702 (d’Arnstatt) : « Un catholique romain ne saurait avoir plus de joie de quelque bonne nouvelle du Pape, que j’ai reçu par l’agréable vôtre datée le 22 avril à Rome. Et si vous ne gagnez pas les indulgences, je vous souhaite un infiniment meilleur bien, savoir la protection divine, et tout le bonheur que vous pouvez souhaiter vous-même. Je vous remercie très humblement, et Monseigneur le Comte de Swartsbourg m’a chargé devous faire ses salutations, et qu’il vous est fort obligé pour la peine, que vous avez bien voulu avoir touchant les médailles d’or du Signor Torta. J’en écris un mot au Prince de Ligne pour tâcher de débrouiller la cervelle bizarre de ce curieux, afin qu’il se puisse résoudre à une vente raisonnable. Le Signor Magnavacca est un fort honnête homme, et j’ai eu correspondance avec lui, pendant que j’étais à Paris, mais pour le Signor Abbate Ammonio, je n’ai pas l’honneur de le connaître, et quand vous aurez une semblable occasion, je vous supplie d’assurer tous les honnêtes gens que je suis leur très humble serviteur. Je ne sais si ma lettre des consulaires mérite d’être envoyée par la poste. Puisque vous le souhaitez, j’en ai envoyé quinze exemplaires à Nuremberg, pour les envoyer par quelque bonne occasion à Venise, afin que vous puissiez ordonner ce que l’on en doit faire. Si le temps l’avait permis, je vous aurais envoyé quelque eclaircissements et additions pour la faire imprimer à Rome, et si le Sig. Francesco Ficoroni le voulut faire, vous n’aurez qu’à me commander et dire la manière de ce que vous souhaitez et pouvez. J’espère que ledit Sig. Ficoroni aura reçu cependant quelques observations sur deux de ses lettres, qu’il a écrit à Ulm à Monsieur Baldinger. Je vous supplie de l’assurer de mon grand estime, et de mes très humbles services. Je ne sais qui était Pietro Rosini, et peut-être avez-vous voulu écrire Pietro Santo Bartolo, de la mort duquel je serais bien fâché, car c’est un excellent homme auquel lepublic a de grandes obligations. Je serais bien aise d’apprendre si je suis encore dans les bonnes grâces du Cardinal Noris, lequel à mon avis a une plus grande infaillibilité pour la science des médailles, qu’il n’aurait eu, étant devenu chef de l’Eglise catholique suivant le grand mérite de sa personne. Informez-moi au plus tôt de ce que vous avez trouvé à Naples, car on m’a assuré, qu’il y a des choses incomparables. Je vous félicite sur vos belles acquisitions et si vous trouvez quelques belles et rares médailles d’or, je vous supplie d’en accommoder la suite de Monseigneur le Comte, qui vous en aura une obligation infinie, et vous fait assurer d’une entière satisfaction avec remerciement. Je ne m’étonne pas que Begerus est méprisé en Italie, car il est de même autre part, puisque dans ses ouvrages après qu’on a eu la peine de lire les folies d’Archaeophilus, on trouve quelquefois que les superbes décisions de Dulodorus sont d’une même étoffe. Monsieur le Prince de Ligne m’écrit que vous avez acquis un quinaire d’argent de la famille CONSIDIA ; je vous supplie de m’en envoyer le dessin, et si vous voulez vous en défaire, que ce soit pour le cabinet d’ici. Informez-vous d’un certain Lucas, duquel on a pu autrefois acheter de très belles médailles, et si le R. P. Minio est mort. Ne manquez pas de voir les médailles de Carpegna, Ottoboni, et d’autres. Si vous venez à Florence, faites mes révérences à Mr Bianchi, et je le prie de me communiquer des médailles consulaires nouvelles, et s’il y avait une quantité de médailles d’or à vendre, de m’envoyer le catalogue. Assurez aussi de mes très humbles respects Mr Magliabecchi. Enfin je vous souhaite tout le bonheur dans votre voyage, suis et serai pour toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, A Morell. P.S. Monsieur Leibniz se porte bien, et j’ai reçu une lettre de lui la semaine passée. Si vous n’êtes pas trop amoureux de votre Licinia Eudoxia, permettez qu’elle vienne à Arnstatt pour satisfaire à l’amour et curiosité d’un amant" (Paris, BnF, Manuscrits, Nouvelles acquisitions latines 389 : Correspondance numismatique d’André Morell d’Arnstatt, pendant les années 1702-1703, p. 72-75 [en ligne sur Gallica] ; Callataÿ 2015, p. 308-309).