-Lettre du 3 octobre 1701 (d’Arnstadt) : « Je vous remercie très humblement d’avoir envoyé deux exemplaires de mon épître à Paris, et comme vous m’offrez si généreusement d’y envoyer encore d’autres, j’accepte votre bonté avec joie, gratitude et remerciement. Pour cet effet, j’enverrai demain encore vingt exemplaires à Mr Eckart, auquel vous pourrez ordonner de Berlin ce qu’il en doit faire. Je supplie de faire tenir un exemplaire à chacune des personnes suivantes. Un à Monsieur Toinard, rue Mazarine à Paris, un à Monsieur Dron chanoine de St Thomas du Louvre. Un au Révérend Père Jobert, jésuite dans la rue Saint-Antoine, un au Révérend Père Sarbouse à Ste Geneviève, un à Monsieur Baudelot de Dairval. Un à Monsieur Mayercron, ambassadeur de Danemark, un à Monsieur Keller fondeur du roi dans l’Arsenal. Avec cela il faudrait prier Mr Pinsson d’ajouter mes compliments et envoyer encore deux exemplaires pour Monsieur Béguon, Intendant du Roi à La Rochelle, et Monsieur Riguord, qui demeure avec lui. Pour le reste, faites en ce que vous voudrez, les faisant tenir à vos amis, et si vous en désirez davantage, je vous enverrai tant d’exemplaires qu’il vous plaira de me commander. J’envoie quatre autres paquets à Paris par S.A.S. Madame la Duchesse d’ici à Wolffenbüttel pour prier Monsieur le Marquis d’Usson de les envoyer à Paris ; ces paquets sont pour le Révérend Père de La Chaise, Monsieur de Bonrepaux, que je connais particulièrement, et qui est, à ce qu’on me dit, proche parent dudit Marquis, Monsieur Foucault, Intendant à Caen, et Monsieur Oudinet, Garde du Cabinet des médailles du Roi. J’ai fait cela, parce que cela sont des personnes considérables, et dans le service du Roi, ainsi je ne crois pas que ce marquis le refuse, surtout au Père de la Chaise, auquel j’ai touché quelques particularités des sottises de Mr Vaillant avec un exemplaire pour icelui. Faites mes compliments à Mr Pinson, car je le connais, et je ferai réponse à Monsieur l’abbé Nicaise, quand vous serez de retour à Hannovre » … « Pour ce qui est de la proposition de mes collections, je tiendrai ma parole avec honneur sans quelque lâche intérêt, mais il faudra aussi me donner les assurances nécessaires. Cependant j’y prévois plusieurs difficultés. Premièrement si l’entrepreneur ne pouvait venir ici avec un ouvrier nécessaire, je ne vois pas de réussir, car un très savant homme peut être ignorant en médailles, et c’est une étude particulière, qui ne s’apprend qu’avec une grande pratique. Enfin j’offre tout sans demander quelque chose pour moi. Agissez en cela comme vous le trouverez à propos, et sans parler beaucoup de moi. Le beau vernis des médailles provient uniquement de la qualité du terroir, où elles ont reposé si longtemps, et s’il a été bon et subtilement vitriolique, les médailles ont été couvertes d’un si beau vert qu’il est impossible à l’Art de l’imiter. La couleur de cette couverture est différente, et j’en ai vu d’un si beau rouge comme vermillon. Il est plus facile d’admirer les effets de la simple nature que d’en pénétrer les causes. Pour ce qui est des coins beaux avec un merveilleux dessin, cela ne provient d’autre chose que de la bonne qualité des ouvriers et de leur grand nombre. En cela les Grecs passaient les Romains. Du temps de Néron étaient les plus excellents graveurs, et tout cela a changé suivant les temps profitables, et les génies, que la fatalité a mis au monde, et un bon coin ne demande pas un plus grand travail ou plus grande dépense, que le plus méchant, car tout dépend de la bonne qualité du graveur. Quand on donnerait le double à un méchant graveur, il ne ferait pas ce que peut faire Monsieur Faltz, ou a pu faire M. Karlstein. Cependant un bon médailleur ne fait pas mal de se faire bien payer. Parmi les Romains les médailleurs, et monétaires étaient des gens affamés, et assez méprisables, tellement que chacun tâchait de se faire valoir en bien travaillant. On ne peut encore savoir de quelle manière les anciens ont fait leurs monnaies, il est certain pourtant qu’on les a frappées. Dans le cabinet du roi à Paris, il y a un coin antique de Faustine assez mal fait, et l’on s’étonne comment par de semblables coins on ait pu frapper de si belles médailles. Ce coin est petit, épais d’environ un pouce, et chaque partie long d’un demi pied, et pour le frappement, il y a un tuyau où les coins entraient pour frapper, et toutes les trois pièces sont de fer. Les manières d’aujourd’hui sont différentes, et l’on a beaucoup cherché pour perfectionner cette matière. Il me semble aussi que les Anglais ont le mieux réussi. Mr Meybusch a fait venir à Paris une machine, que l’on a trouvé fort bonne, et belle, et l’avait fait venir de Stockholm. Je ne connais Monsieur Faltz que de réputation, et par les beaux ouvrages, et l’on peut dire, que présentement il n’y a point son pareil ; je vous supplie de lui dire que je suis son très humble serviteur » (LBr. 661 Bl. 77-78. 1 Bog. [jetzt : 2 bl.]. 4°. 3 S. ; Babin - Van den Heuvel - Widmaier 2006, lettre 292, p. 497-500)