-Lettre du 19 juillet 1701 (d’Arnstadt) : « Je vous suis obligé de la peine que vous avez eu avec la lettre dr Mr de Spanheim et comme le roi d’Angleterre est arrivé en Hollande, peut-être qu’il y est aussi. Pour moi je voudrais le savoir à Berlin, pour rendre témoignage du tort que l’on m’a fait en m’abandonnant si cruellement. Le malheur de Mr Danckelmann est cause de cela, et j’ai encore des lettres écrites de sa propre main, qui me font assez connaître qu’il aurait eu la bonté de me faire tenir parole, car je n’ai pas manqué de me plaindre, mais le bon seigneur était trop embarrassé, et sur son déclin. Cependant tout cela ne fera pas grand honneur au ministère suivant, et je souhaite que la nouvelle Société des Sciences ait un meilleur sort. Les affaires dont j’ai touché un mot ci devant ne pourraient être mis dans une Société, et si je pouvais avoir l’honneur de vous parler, je vous le ferais voir clairement. Je suis bien aise que vous ayez reçu ma lettre imprimée, et vous supplie de la lire exactement, et d’avoir la bonté de me corriger les endroits que vous trouverez à porpos car je la ferai rimprimer corrigée ; et voici trois endroits que j’ai changé. A l’endroit de NIKIAΣ eudem cum nomine MARKOΣ ΛΕΠΙΔΟΣ nobis obtulit : nummus ipse vero servatur in LUDOVICI MAGNI Thesauro incomparabili, in quo legitur NIKIAΣ, et exhibetur caput nudum Niciae, qui teste Strabone Coorum Tyrannus fuit : duos tales nummos jam edidit Goltzius Tab. XXI. Insularum Graeciae, sed male caput Niciae barba et laura ornavit ; pluresque alios vidi ejusdem Niciae cum diversis nominibus ab aversa parte : neminit ejus Cicero Epist. Lib. VII. Ad Atticum : an vero is ipse Nicias sit, qui referente Julio Polluce, purpura, auroque mixtis decoravit scutum, et an placeant illa, quae in Specimine me(o) de somnio Sullae in tertium nummum Tabulae III. etc. A l’endroit C. COELII CALDI : nam lanceam non Latinum, sed Hispanicum vocabulum esse, docet Varro apud A. Gellium Lib. XV cap. 30 : hinc sine dubio et plus bas Inquirendum ergo, an rei veritas detegi possit, nam Coeliorum nomen apud Romanos illustre fuit a primis urbis temporibus, quia in Suburanae regionis parte princeps erat Coelius mons, a Coelio Vibenno Tusco Duce nobili, qui cum sua manu dicitur Romulo venisse auxilio contra Sabinum Regem, prout testatur idem Varro de Ling. Lat., lib. IV. In familia PAPIRIA : Quis autem in iis occurrens C. Papirius Carbo fuerit, exponit Dio lib. XXXVI, illeque Bithyniam tenuit A. U. C. circiter 699. Et quidem annis aliquot postquam M. Cottam accusasset, a cujus filio Patrem ulturo ipse postea fuit accusatus. Quo anno vero inceperit Bithyniae Epocha, colligi potest ex nummis Gentis Vibiae, quibus literas ΒΛΣ additae, annum 232 denotantes. Unus illorum oculis objicit caput Julii Caesaris, et ΝΙΚΟΜΗΔΩΝ ab aversa parte ΕΠΙ ΓΑΙΟΥ ΟΥΙΒΙΟΥ ΠΑΝΣΑ cum Victoria stante. At hi nummi cudi non potuerunt ante Bithyniae recuperationem, quae facta est A. U. C. 707 cum Julius Caesar VENIT, VIDIT, et Pharnacem VICIT. Inde si 232 annos retrogradimur, incidimus in A. U. C. 475 ; epocha vero sine dubio incipit anno sequenti U. C. 476 nam eodem Nicomedes fratrem Zipoetum auxilio Gallorum vicit, Bithyniaque omnis in ditionem Nicomedis concessit. Galli regnum cum Nicomede dividentes regionem a se possessam Gallo graeciam cognominaverunt. Caput autem Julii Caesaris in superiore nummo expressus sine dubio indicat, cusum illum fuisse eodem anno, quo Senatus monetam cum Julii Caesaris imagine signare decrevit. Memoratum etc. Je vous envoie ci-joint trois médailles différentes de l’empereur Gratian, qui sont ici dans le cabinet de Monseigneur le Comte de Schwarzbourg, et il n’y en a point d’autres, sinon avec quelques différences de lettres, qui ne sont d’aucune conséquence, marquant seulement la diversité des monétaires. Ces médailles ont cela de particulier que Gratianus y est appelé AVGG. AVG. Que quelques-uns expliquent Augustorum Augustus, ainsi est il dans Mezzabarba ; d’autres croient que par le premier mot sont désignés AVGG, les deux Gratianus et Valens et par le second AVG Valentinien le Jeune pour marquer quelques différence. Pardonnez-moi la liberté que je prends de penser à la raison, pourquoi vous désirez avoir ces médailles : ne serait-ce pas pour faire la cour auprès de la nouvelle Majesté de Prusse, et dire que GLORIA NOVI SAECVLI praesentis est l’acquisition de la Couronne. Si cela est on pourra encore augmenter l’odeur de l’encens, pour encore mieux profiter d’une chose, qui fait plus de soupirs que de joie auprès de ceux qui ont des véritables sentiments d’amour, vénération, et respect pour la Sérénissime Maison. Cependant il est permis de sacrifier aux folies publiques, et de faire quelquefois deux figures, et de Démocrite et de Héraclite. Pour moi, je serais assez de cette humeur, si je pouvais obtenir par là les effets de ce que l’on m’a promis, et crois que cela ferait aussi quelque chose pour la GLORIA NOVI SAECVLI, plutôt que d’être obligé à dire qu’on ma manqué de parole. Sed haec intra nos. Il me semble que l’on pourrait dire quelque chose de particulier sur le titre de AUGG. AUG. Car la Sérénissime Maison a eu beaucoup de Héros, qui méritent d’être appelés Augustes, mais à présent est venu un qui mérite entre ces Augustes d’avoir le titre d’Augustorum Augustus, pour y avoir ajouté la majesté royale. Dans huit jours je vous enverrai les colles de poisson de ces médailles, et si vous les voulez faire graver, mon cher Monsieur, je le ferai par mes graveurs, sans qu’il vous en coûte, et tout ce que j’ai est à votre service. Un nommé Mr Eckart de Hannover avait écrit au magister Schlegel que vous étiez à Vienne et que vous passeriez peut-être par Arnstat, mais il n’a rien dit de la charge de Bibliothécaire de l’Empereur, et je n’ai point oui dire que vous aviez quelque dessein sur cela, car vous êtes au-dessus d’un semblable prétension. Monseigneur le Comte de Schwarzbourg est revenu des bains d’Aix-la-Cahpelle. Je suis toujours de tout mon cœur… Arnstat le 19 juillet 1701 » (LBr. 661 bl. 69-70 1 Bog. 4°. 2 S. ; Babin - Van den Heuvel - Widmaier 2006, lettre 190, p. 294-297).