-Lettre du 29 janvier 1695, d'Arnstadt : « Monsieur, j'aurais souhaité recevoir de plus grandes nouvelles de votre part, par l'occasion de M. Leers (?)* et il m'a envoyé votre billet. J'ai communiqué le livre du P[ère] H[ardouin] des Hérodiades à quelques amis, entr'autres à M. de Spanheim, qui m'a demandé de vos nouvelles : ils en sont fort scandalisés, et je crois qu'on imprimera ce traité, mais il serait à souhaiter qu'on y fit quelque sauce, c'est pourquoi je vous supplie de m'envoyer au plutôt quelque matière pour cela, afin que l'on puisse traiter cet auteur secundùm stultitiam suam. Mon Specimen, mutatis mutandis, sera achevé a pâque et je travaille assidument aux planches du premier tome du grand ouvrage : lequel contiendra les XII premiers Empereurs que l'on commencera à imprimer l'été prochain. Ne Seriez [vous]** pas homme à m'y aider en faisant un compendium chronologicum et exacte là-dessus, par colonnes, où a chaque année, il y ait les consulats : TR. POT. //IMP et ce qui est nécessaire comme vous savez mieux; je le ferais ajouter sous votre nom et vous en ferai tout l'honneur nécessaire, sans vous flatter, personne ne saurait faire cela mieux que Vous & vous m'obligeriez infiniment. Le R. P. Noris, cardinalable m'a écrit : Vale dixi Musis et Musæis, ainsi il n'y a rien à espérer davantage de ses études : il se plaint d'être englouti par des affaires publiques et les congrégations : et que son carrosse, chevaux et train le consument : je lui ai répondu que je croyais VEHICULATIONEM ITALIAE REMISSAM, le plaignant beaucoup d'être sorti de son repos, par craindre comme Paucus (?) d'être mangé par ses chevaux. Son livre de Epochae Syromacedonum s'imprimera à Leipzig; n'avez vous aucune médaille a y ajouter ou quelque observation à faire, de quoi il faudra l'avertir et, par provision, me l'envoyer, afin que sans faire le grand tour a Rome, j'attende la dessus ses ordres : car il faut faire honneur a cet illustre ami. Je ferai imprimer dans mon Specimen un petit récit de ce que le P[ère] H[ardouin] m'a fait et j'y joindrai sa lettre : conservez bien les deux listes. J'aurais bien besoin d'un Ertinger, car mes graveurs me font enrager, en voulant toujours ajouter a mes dessins et embellir mal a propos. M. de Rheims ne fait-il rien pour le Cabinet du Roy, ce n'est pas qu'il manque d'argent pour faire honneur à son Prince, puis qu'il a ordonné 500 mille livres a M. de Villeroi, pour sa charge de Capitaine des gardes du Corps, ainsi que je viens de lire dans les gazettes de Francfort. Je vous supplie de m'indiquer l'auteur qui a écrit sur le Capricorne d'Auguste pour prouver qu'il n'y est pas né sous ce signe. Ayez, la bonté de m'extraire son sentiment et en peu de mots et ses raisons. J'ay perdu les dessins et les observations que j'avais fait sur les deux medailles de Polémon qui appartiennent à M. Foucaut, demandez cela a M. Dron et renvoyez moi une copie, je vous en supplie. Dite moi vostre sentiment sur ce que je mets dans mon Specimen [Dessin] de la médaille d'Auguste ci-joint, que le monogramme*** signifie UPATOU IB. Car la 26 année de son règne revient justement a son douzième Consulat, ainsi l'on a marqué autrement sous Auguste que sous Néron, comme vous avez le premier trouvé. Vous trouverez dans mon Specimen quantité de médailles nouvelles et j'aurai soin d'envoyer des exemplaires à mes amis par la voie de M. l'Ambassadeur. Conservez moi toujours l'honneur de vostre amitié... (En P.S. : Quand bien je ne joindrai aucun compliments pour Monsieur Dron, je suis sur que vous lui en feriez de ma part, c'est pourquoi assurez le de mes très humbles services. La Gazette a publié que M. Galland a été pris pour s'être trouvé, par accident et malheur, chez le P(asteu)r La Roque, j'en suis fâché et souhaite qu'il soit remis en liberté, car je ne saurais croire qu'il ait fait quelque chose contre le service du Roi. L'on m'a dit que vostre Harmonie des Évangélistes allait s'imprimer. On l'attend en ce pays avec impatience. M. Carppow m'en a parlé. J'ay été à Gotha la semaine passée où j'ay parcouru 32 volumes de dessins de médailles faits par Strada : les desseins sont aussi grands qu'une affiche médiocre et une bonne partie fausses : je reconnais que ce Jacob Strada est cause de tant de medailles fausses, car il en a visiblement inventé et avec peu de jugement par exemple, il joint Othon et Poppée du temps de son règne. A Vespasien il attribue TR. POT. XX avec une magnifique TRIVMPHUS IVDAICUS et ainsi ailleurs. » (Paris, BNF NAF 14823, f° 110 r-v, en ligne sur Gallica ; Th. Sarmant 2003, p. 78, note 13 et p. 131, note 107).