-Lettre du 13 mars 1699 (de Caen) : « Je suis bien aise que ma critique vous ait donné du plaisir. L’ouvrage qui m’a fourni le sujet de ce petit amusement vous aurait diverti davantage, s’il était venu jusqu’à vous. Je me suis seulement attaché aux fautes les plus grossières. Les autres m’auraient emporté trop loin, et m’auraient fait perdre trop de temps. L’on a voulu parler de quelques-unes de ces fautes à l’auteur sans nommer personne ; mais il se croit irrépréhensible, et incapable d’en commettre aucune. S’il n’est pas habile homme dans les matières qu’il entreprend, il est au moins heureux dans la persuasion où il est de l’être, et de ne pas s’apercevoir que l’on se moque de lui. Je n’attends plus rien de bon de tout ce qu’il promet. Par-dessus toute chose, il faut entendre parfaitement les auteurs grecs et latins, pour bien traiter ces sortes de sujets, et il ne les entend pas, et ne les entendra jamais ; non seulement perche uccello vecchio non impara mai : mais encore, parce qu’il abonde trop en son sens, qu’il a tout au revers de celui des autres. Il y a longtemps que j’avais entendu dire que M. Dubos devait se défendre contre M. Cuper, qui lui a donné prise en quelques endroits, comme je l’ai connu en lisant son ouvrage l’année passée à la Bibliothèque du roi ; mais je ne savais pas sous quel titre ni que ce dut être en latin. Pour ce qui regarde ce que j’ai écrit sur le même sujet, je ne crois pas qu’il ait rien trouvé, qui puisse détruire mes arguments. M. Cuper que je ne laisse pas d’honorer comme il le mérite, a écrit avec trop de sécheresse, et il n’a pas approfondi la question. Depuis la dernière lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire, j’ai fait la même réflexion que M. de la Thuillère, sur ce qui lui a donné occasion de lire IMP. VNICVS, et j’en ai écrit mon sentiment à M. Oudinet dans les mêmes termes. Il n’y a pas de doute que c’est cela qui a fait tomber M. Cuper en erreur, dont il se relèvera facilement, d’abord que vous lui aurez mandé ce que l’on en pense. M. Vaillant va faire travailler à une seconde édition de son dernier ouvrage, plus augmentée, et il prétend faire graver une médaille rare à chaque tête, comme dans ses Numismata praestantiora. Il a traité pour cela avec un libraire de Hollande. Cette édition sera meilleure que la première, en ce qu’il pourra corriger toutes les fautes qu’il a renvoyées à l’errata, qui est fort long. Néanmoins, elle sera toujours défectueuse, en ce que les inscriptions et les descriptions des têtes, de chaque médaille y manqueront. Je lui en avais dit mon sentiment avant qu’il eût commencé de faire imprimer ; mais ce fut inutilement, parce qu’il n’avait fait ses collections que sur les inscriptions, et les descriptions des revers. De plus, il ne voulait pas charger son ouvrage d’impression, et c’est aussi ce qu’il a observé dans les Numismata Praestantiora. Cependant je suis persuadé qu’il faut rendre ces sortes d’ouvrages parfaits, autant qu’on le peut » (Paris, BnF, Man. Fonds français 9360, f° 194-195 ; Abdel Halim, p. 253-255, n° C).