-Lettre du 20 nov. 1702 (de Caen) : « Je me fais un grand honneur de l’approbation que vous donnez à mes Observations sur les médailles de Tétricus que l’on estimait si précieuses et dont on voulait tirer des arguments pour établir des nouveautés dans l’histoire romaine éloignées de toute apparence. Quand tout le monde me donnerait tort, m’accuserait de m’être engagé mal à propos dans cette dispute, et donnerait gain de cause à ma partie, le jugement d’une personne comme vous, non moins éclairée sur cette matière, que sur une infinité d’autres plus importantes, me tiendrait le même lieu que s’il avait été rendu de l’avis commun de tout l’univers. Sans parler des autres ouvrages du P. Hardouin, les obscurités contenues dans le Saeculum Constantinianum me parurent si étranges, que je ne pus concevoir comment elles pouvaient être tombées dans l’esprit d’un homme, estimé d’ailleurs très sensé, et je ne m’étonnai pas qu’on l’eût supprimé avec sa Chronologie de l’Ancien Testament qui parut en même temps. Je ne m’arrêtai pas à ce dernier ouvrage qui n’était pas de ma compétence. Néanmoins, je ne laisserai pas d’y remarquer quantité d’autres paradoxes sur le fait des médailles antiques. Je ne songeais pas aussi à rien écrire contre le Saeculum Constantinianum, non seulement parce que c’eût été une entreprise d’une trop longue haleine, et qui d’ailleurs m’aurait détourné d’autres occupations plus utiles ; mais encore parce que je voyais beaucoup de difficulté à travailler la matière d’une manière dont l’auteur n’eut pas sujet de se plaindre, lorsque le prétendu M. de Ballonfeaux (nb : Galland met en doute l’existence de l’érudit luxembourgeois) fit paraître les Lettres sur les médailles de Tétricus et sur les autres. Cela me détermine à travailler au petit ouvrage que vous avez vu, et de l’adresser à Mr. de Ballonfeaux avec toute l’honnêteté possible envers lui, et envers le P. Hardouin. Ce n’est pas aussi de ce côté-là que l’on se plaint de moi dans la Lettre imprimée à Amsterdam. La vérité que j’ai représentée clairement est odieuse. Il n’en a pas fallu davantage pour me traiter d’une manière si peu digne de celui de la part de qui elle vient. A me considérer moi-même par rapport à celui à qui je me suis attaqué, il y a peut-être de l’inconsidération dans ce que j’ai fait ; mais il ne m’est pas possible d’avoir de la complaisance, lorsqu’il s’agit de détruire la fausseté, et d’empêcher qu’elle n’étouffe la vérité. Ce que je puis assurer, c’est que la présomption, ni le désir d’une vaine gloire n’y a pas eu de part. Je n’ai eu d’autre vue que de désabuser ceux à qui l’autorité d’un nom célèbre aurait pu imposer : j’espère qu’ils m’en sauront bon gré, et quand ils ne voudraient pas se donner la peine d’approfondir la question, que la manière dont on m’a fait réponse ne contribuera pas médiocrement à leur persuader que la cause dont j’ai pris la défense est bonne. Mais je laisse là cette matière pour retourner à votre lettre » [éclaircissement, à l’intention du correspondant, de quelques questions de numismatique suscitées par la controverse avec Hardouin et Ballonfeaux] « M. Foucault reçut hier une relation fort ample de ce qui se passa il y aura demain huit jours à la première séance d’après les vacances, qui est publique, de l’Académie des Inscriptions et des Médailles. M. Vaillant y lut un écrit, par lequel il prétend prouver sur les médailles frappées à Antioche au nom de Varus, à la faveur des dates qui y sont marquées, que Notre Seigneur n’est pas né l’an 754, suivant notre ère commune, mais l’an 749 de la fondation de Rome. M. Vaillant le fils, reçu cette année, à la place de M. Charpentier, y récita un discours sur une médaille d’or du Cabinet du roi, qui est du roi Achaeus, où il renferma ce que les auteurs ont écrit de sa vie »… « Un autre académicien (nb : Philibert-Bernard Moreau de Mautour) récita un discours sur le travail qu’il a entrepris de traiter en français des Amazones par les médailles antiques, avec plus de méthode que n’a fait Petrus Petitus et les autres auteurs qui ont déjà écrit sur cette matière. Enfin, un autre académicien lut quelque chose de la traduction du français en latin de l’Histoire du roi par les médailles publiée cette année, dont il a été chargé par l’Académie » (Abdel Halim, p. 439-440, n° CLXXXVIII).