-Lettre du 19 mars 1707 (de Paris) : « Un autre que moi pourrait prendre avantage du plaisir que vous prenez à lire mes lettres, comme vous avez la bonté de me le témoigner. Mais, quelle vanité ne serait-ce pas à un disciple, de prétendre s’élever au-desus de son maître, pour avoir eu le bonheur de tomber dans son sentiment. Je vous regarde, et vous honore, Monsieur, comme mon maître, et bien loin que votre approbation contribue rien à me faire me connaître, elle ne fait que m’encourager à continuer dans l’études des antiquités grecques et romaines, qui sont devenues le principal objet de mes études, depuis que je suis de l’Académie des inscriptions et des médailles » [éclaircissements de certains articles du Dictionnaire historique et numismatique de Galland ; médailles du cabinet de Foucault semblables à celles acquises par Cuper] « M. Foucault vous est sensiblement obligé de votre souvenir, et m’a chargé de vous en bien remercier de sa part, et de vous réitérer l’offre, qu’il vous a déjà faite, de tout ce qu’il y a dans son cabinet qui peut convenir à votre étude de l’antiquité gréco-romaine. Je suis bien fâché de ne pouvoir m’acquitter de faire vos compliments à M. Vaillant le père. Il fut attaqué d’apoplexie le 18 d’octobe dernier, et nous le perdîmes quatre ou cinq jours après (nb : Vaillant le père mourut le 23 oct. 1706). Je n’avais pu le voir qu’une fois depuis mon arrivée à Paris, à cause de notre éloignement d’un bout de la ville à l’autre. M. Vaillant le fils vous rend de très humbles grâces de l’honnêteté que vous lui faites » ; « M. Gros de Boze ne vous est pas moins obligé. Il est présentement secrétaire de l’Académie royale des médailles, par la démission de M. l’Abbé Tillemont, et il est très capable de bien s’acquitter de cet emploi. Il a aussi une charge d’inspecteur des devises, qu’il a eue du même Abbé avec l’agrément du roi. Pour ce qui est du P. Hardouin, il est venu deux fois voir le cabinet de M. Foucault, pour y examiner des médailles. J’apprends qu’il fait imprimer à Rotterdam deux volumes de dissertations sur les médailles. Nous devons nous attendre à y voir bien des visions dont je crains fort qu’il n’infeste tous les septentrionaux » ; « Après avoir parlé de tous ces messieurs, je dois vous dire quelque chose de moi-même. Comme M. Vaillant, par sa mort, a laissé dans l’Académie des médailles une place de pensionnaire vacante, cette place a été remplie par M. l’Abbé Fraguier, très digne de l’occuper, qui était associé, et j’ai eu les suffrages de la Compagnie, et l’agrément de S.M. pour être associé à sa place. Depuis que l’Académie a repris ses assemblmées, après les vacances dernières, j’y ai été assidu, comme je le devais, et j’y ai lu des disocurs dont voici les titres : Sur la constance de l’empereur Claude, par rapport à ce qu’elle lui est attribué sur ses médailles […] ; Sur le voyage de Néron en Achaïe […] ; Comment on doit entendre l’endroit de Suétone, dans la vie de Néron, où il est dit que Néron donna la liberté à toute l’Achaïe […] ; Sur la différente significayion de S.C. sur les médailles de bronze, et d’Ex. S.C. sur les médailles d’or et d’argent […] ; Sur le titre d’imperator qu’il fallait avoir reçu pour prétendre au triomphe […]. Comme reçu nouvellement associé, j’aurais à lire un discours publiquement, à la première assemblée d’après Pâques. J’en ai un de prêt sous ce titre : Discours sur une médaille grecque du cabinet de M. Foucault, d’une Cléopâtre, reine, femme de l’empereur Titus […]. Avant Pâques,j’aurai à faire la lecture de la suite d’un Discours sur la trompette, dont la première partie, que j’avais envoyée de Caen, fut lue l’année passée. La bibliothèque de M. Foucault, qui est fort ample, me donne beaucoup d’occupation et très peu de loisir à donner à l’étude, de manière que j’ai interrompu le Selecta des médailles de son cabinet, depuis mon départ de Caen ; et je ne vois pas quand je pourrai le reprendre. Nous avons ici un religieux bénédictin, italien, nommé Dom Anselmo Banduri, qui est chez nos PP. bénédictins de S. Germain-des-Prés pour un temps, par la libéralité du grand duc de Toscane, et qui va mettre sous la presse un excellent ouvrage in-fol. Intitulé : Antiquita Constantinopolitana. Le privilège en est déjà obtenu. Il est tout différent des Familles byzantines de M. Du Cange, et il sera plus ample. Il y a plusieurs pièces grecques non imprimées, particulièrement un [traité] fort ancien qui traite des antiquités de Constantinople, avec des figures de patriarches, d’empereurs et d’impératrices, tirées d’anciens mss. de la bibliothèque du roi. Il y donnera aussi les médailles qui sont dans les Familles de Du Cange, mais augmentées de toutes celles du cabinet de M. Foucault, et pour cela, il aura bientôt achevé le catalogue où il y a certainement plus de 500 médailles que M. Du Cange n’a pas vues. Je m’entretenais dernièrement de votre mérite avec ce Père, qui me dit assitôt qu’il ne lui était pas inconnu, et que souvent il avait vu de vos lettres écrites à M. Magliabecchi. Et cela lui a donné lieu de me prier de vous assurer de son estime, et de son amitié, et de vous demander l’honneur de la votre. D. Bernard de Montfaucon, aussi religieux bénédictin, dont le nom ne doit pas vous être inconnu, qui a amené avec lui, de son dernier voyage d’Italie, le Père Banduri dont je viens de vous parler, va nous donner aussi un bel ouvrage, in-fol., sous ce titre : Palaeographia graeca […] Les médailles grecques du cabinet de M. Foucault y sont citées. L’ouvrage est achevé, et même déjà sous la presse, comme je le crois. M. L’Abbé Passionei, parent du Pape, qui est ici avec le nonce, attend tous les jours l’ouvrage de M. Fontanini, touchant la colonne d’Antonin Pie, comme il me l’a témoigné lui-même il y a quelques jours » (Abdel Halim, p. 535-540, n° CCXLVI).