-Lettre du 11 févr. 1709 (de Paris) : [extraordinaire passage sur l’hiver excessivement froid de cette année-là] [sur la colonne d’Antonin Pie représentée sur les médailles] « Je suis ravi de l’honneur que M. l’Abbé Passionei vous a fait de vous aller voir. Votre grand mérite l’a attiré jusqu’à vous, et je suis bien persuadé que vous avez été très contents l’un de l’autre » [sur les figures représentées sur les médailles des Chalcédoniens] « A propos de la Protestation du P. Hardouin, et de la Réponse de M. de Lorme, les supérieurs des maisons de Jésuites de cette ville ont publié à la fin du mois de décembre, une Déclaration par laquelle ils protestent de n’avoir, ni eux, ni leur Compagnie, aucune part aux rêveries, et aux propositions erronées, et très dangereuses de ce Père : vous verrez ce que c’est dans l’imprimé que j’ai l’honneur de vous envoyer. Vers le même temps, on a signifé aux libraires de cette ville, par un billet, aussi imprimé, une défense, sous peine de punition corporelle, de vendre et débiter les œuvres de ce Père imprimées à Amsterdam. Je sais que M. l’Abbé de Longuerue est fort appliqué aux difficultés sur la chronologie, qui se rencontrent dans les anciens auteurs. Je sais aussi que, de temps en temps, il compose quelque dissertation, qu’il ne fait pas imprimer, par une défiance de ses forces, et qu’il communique seulement à ses amis les plus particuliers. Mais je n’avais pas entendu dire qu’il en eût fait sur les Epoques des Syro-Macédoniens, contre le cardinal Noris. J’ai vu de lui une explication, écrite à la main, d’une inscription antique, qui est en Basse-Normandie, qui m’a fait connaître qu’il n’est pas irrépréhensible. Il ne va voir personne, mais il souffre qu’on aille le voir. Je l’ai vu autrefois, mais rarement ; et je ne cultive pas son amitié parce que je n’en ai pas le loisir. M. Vaillant était fort assidu à le consulter, et j’ai su par lui que cet abbé est fort entier dans ses sentiments, et qu’il n’en revient pas, quelque raison, et quelque autorité qu’on puisse lui apporter. Quelque habile que l’on soit cependant, on peut être redressé par de moins habiles » [observations sur la médaille représentant Théophraste, et celle frappée en l’honneur d’Homère] « M. Reland m’a fait part de ses mêmes occupations dont il vous a entretenu. Je lui ai envoyé de beaux dessins de médailles samaritaines du Cabinet du roi et d’autres » ; « Il est vrai, Monsieur, que ma patience à faire le Catalogue des suites de médailles du cabinet de M. Foucault, a été grande. Mais comme le travail était à mon goût, je puis vous assurer qu’au lieu de m’être à charge, il ne m’a pas moins diverti qu’instruit. Un autre, sans doute, y eut mis plus de temps ; mais mon assiduité a abrégé celui que j’y ai mis. Je puis dire que les descriptions de médailles sont plus exactes qu’aucunes qui aient été faites […] ; « M. de Valois fait graver la médaille grecque de Gordien Pie […] » ; « Le huitième de ce mois, j’eus occasion de faire lecture enfin du discours sur la médaille du cabinet de M. Foucault, qui représente la colonne cochlis d’Antonin Pie. L’Académie me fit la faveur de lui donner son approbation, et elle était d’autant plus nombreuse, que ce jour-là, elle procéda à remplir la place d’académicien honoraire, vacante par la mort du P. de la Chaize. Elle donna tous ses suffrages à M. Bignon, conseiller d’Etat, prévôt des marchands depuis quelques mois, auparavant intendant de la Picardie, frère ainé de M. l’Abbé Bignon. Le P. de la Chaize, Jésuite, après avoir été confesseur du roi, l’espace de 34 années, mourut le 20 de janvier. Notre Académie y perd un grand ornement. On ne peut pas aimer les médailles antiques plus qu’il les aimait, ni avoir une plus grande connaissance de tous les avantages qu’on en pouvait tirer pour la belle littérature. C’est par cet endroit qu’il y eut une amitié étroite entre lui et Jacop Spon, longtemps avant qu’il fut confesseur du roi » [sur les démélés entre le Père Passionei et Dom Anselme Banduri] [à cette lettre est rattaché un feuillet portant la mention manuscrite : « Déclaration du Père provincial des Jésuites et des supérieurs de leur Maison de Paris, qui devait probablement servir de couvert à l’exemplaire de cette Déclaration envoyée à Cuper par son correspondant] (Abdel Halim, p. 586-590, n° CCLXXIII).