-Lettre du 10 avril 1711 (de Paris) : « Extrait d’une lettre écrite à Mr. Cuper par Mr. Galland, le 10 d’avril 1711. J’en suis à l’article des empreintes des médailles arabes, qui vous ont été envoyées de Berlin. Je vais les examiner dans l’ordre, que vous me les avez marquées. A. Cette empreinte est le revers d’une autre que j’ai déjà reçue, laquelle représentait la tête d’un ancien roi de Syrie, ou d’Egypte. Mais je m’étais trompé dans la lecture, et dans l’explication de la légende de ce revers. En voici une nouvelle lecture, et une nouvelle explication. Almalikoul – Alamiloul - Adilou Hougamind – dini Tamar – tasch, ou plutôt Timoutasch bin Ilgazi Artak ;c’est-à-dire : le roi du monde, le juste Hofanoud-din Timoutasch, fils d’Ilgazi, fils d’Artak. Au lieu de Timourtasch bin, j’avais lu, nafrum-nah-lillani, c’est-à-dire, la victoire des hommes est à Dieu. Mr. Reland m’a averti qu’il lisait Tamartasch, et il avait raison. Comme les lettres arabes n’ont pas leurs points diacritiques sur les médailles, il ne doit point paraître surprenant qu’on s’y trompe quelquefois. B. L’une des deux empreintes marquée par cette lettre, représente une têtede front sans barbe, mais avec des cheveux accompagnés d’ornements, que je n’ai pu bien distinguer, et les caractères arabes, si confus, et si peu apparents, que je n’ai pu les lire. Ils sont apparemment plus nets sur la médaille. … C. Je n’ai trouvé dans votre paquet que l’empreinte de cette médaille qui représente deux bulles de front, l’un plus grand que l’autre. Il y a trois mots non lisibles, mais les noms decesprinces doivent être au revers. D. L’empreinte qui représente le prince de front, et en buste, a une légende de quatre ou cinq mots, dont je ne dis rien pour la même raison, que ci-dessus… L’empreinte que vous comptez pour la cinquième, est ce me semble celle, qui représente trois têtes, deux l’une sur l’autre, d’un roi et d’une reine, et la troisième, une plus petite vis-à-vis. Ce qui me fait douter que cette médaille soit persienne, outre les têtes, qui ont un autre air, que les rois de Perse, ce sont les caractères qui ne sont point persiens. S’ils étaient persiens ils seraient semblables à ceux qui sont autour de la tête qui a été tirée del’agate gravée. Car il n’y a pas à douter que les caractères qui y sont gravés ne soient persiens, et que la tête ne soit d’un roi de Perse, de ceux qui ont régné entre Jésus-Christ et la naissance de Mahomet. Vous savez que dans l’Utilité desvoyages de Mr. Baudelot, il y a une gravure qui représente la tête d’un roi, à peu près semblable, non pas de front mais de côté, avec les caractères qui ne sont pas différents. J’ai aussi une agate trois fois plus grande que celle de votre empreinte, qui est toute pareille, à la réserve que la tête est aussi de côté et non pas de front ; c’est un présent qu’on m’a fait. J’oubliais de parler du revers de cette médaille à trois têtes, avec une espèce d’autre entre deux figures. Le revers est très curieux ; mais il n’y a pas lieu d’espérer qu’on déchiffre jamais les légendes qui sont de l’un et de l’autre côté. Je ne lis qu’une date sur l’empreinte, qui représente un prince assis à la manière du Levant avec le croissant, et cette date est l’an de l’Hégire 685, si je ne me trompe, qui est de J. Christ 1285 ; le nom de ce prince doit être dans l’empreinte du revers. » ; « Je vous envoie la gravure d’une médaille très rare du cabinet de M. Foucault » (Cuper 1743, XXIX, p. 98-100 ; Abdel Halim, p. 631-632, n° CCCIV).