-Lettre du 1 juillet 1700 (de Caen) : « J’avais vu M. le chevalier Maunier à Paris cet hiver. Il n’avait pas alors ses médailles, et il les avait pas encore dans le temps de notre départ. Je ne sais où elles étaient ; car il les avait fait voir dès l’année passée à M. Vaillant, qui m’en avait parlé. J’étais à Alep dans le temps qu’il était encore fort jeune, et je connais assez particulièrement son aîné qui fait les affaires de la Terre Sainte il y a longtemps. J’ai beaucoup de joie de ce que vous avez trouvé parmi ses médailles de quoi enrichir le cabinet du roi. M. Foucault vous est obligé de ce que vous avez réussi à le persuader de l’accommoder du reste, qu’il est résolu de tout prendre, pour peu qu’il y en ait qui puisse entrer dans son cabinet. C’est ce que nous avons appris par une lettre que M. Maunier m’a écrite lui-même, pour me mander qu’il vous en avait laissé une partie entre les mains, et qu’il devait consigner le reste à Paris à votre ordre. Je me persuade que vous les ferez tenir à M. l’Intendant par l’entremise de M. Dron. J’ai su par M. Vaillant qu’ily avait un beau médaillon d’or ΘΕΩΝ ΑΔΕΛΦΩΝ, d’une grande beauté ; je ne doute pas qu’il ne soit du choix que vous avez fait. Je vous supplie de vouloir bien me faire part d’une liste des autres médailles que vous avez choisies. L’Othon d’Egypte ΕΙΡΗΝΗ, que vous avez laissé enrichira notre moyen bronze. Je souhaite qu’il y ait beaucoup d’autres médailles de cette rareté afin de faire plaisir à M. Foucault qqui s’ennuie de ne point faire de nouvelles acquisitions. Néanmoins, depuis son retour, il a fait celle d’Auguste d’Egypte, moyen bronze, dont il vous a entretenu. / J’en fais d’autant plus d’estime, qu’elle sert merveilleusement bien à terminer la suite des médailles des médailles des rois d’Egypte. Le P. Roudil qui est ici, en a aussi apporté quelques-unes, entre autres une de Carus petit bronze, DIVO CARO PARTHICO, différente d’une qu’il avait déjà, par les lettres de l’exergue, qui sont SMS XXI, avec un A agrandi dans le champ. Ce qu’il a apporté de plus remarquable, c’est un Constantin aussi petit bronze, avec cette inscription : CONSTANTINVS MAX. P.F. AVG. COS. IIII, dont je vous envoie une empreinte en papier afin que vous en voyez mieux la représentation particulière et non commune, avec la veste consulaire, et l’aigle romaine à la main. Le revers est SOLI INVICTO COMITI, avec le type ordinaire du soleil ; T.F. dans le champ ; à droite, une étoile à gauche, et PLC à l’exergue. Le P. Hardouin, à qui cette médaille a été montrée en passant, en est dans une grande alarme, croyant que par là son Constantinus Maximus, différent du seul Constantin qu’il devrait reconnaître avec tout le monde, ne peut plus subsister. Vous savez si les autres Constantins de son invention peuvent subsister plus raisonnablement. Vous ne pourriez croire combien je suis satisfait du silence de nos antiquaires sur les visions de ce père. Il a cru les braver partant de nouveautés inouïes, et, sans qu’ils s’en soient mêlez, le voilà dignement mortifié et humilié. La découverte de cette médaille me fait plus de plaisir que / d’une autre de quelque prince dont l’on n’aurait jamais entendu prler. Je suis… de Caen, le 1 de juillet 1700 » (Ms. Français 6138, Galland. Correspondance de Caen, p. 82-85; Abdel Halim, p. 318, n°CXXXII).