Commentaire de Guy Meyer : Le site d'Aphrodisias avait déjà été visité trois fois par Sherard, consul de Grande-Bretagne à Smyrne en 1705, 1709 et 1716, mais les papiers de Sherard étaient restés inédits sinon que des copies avaient circulées. Spanheim, par exemple, en avait eu par l'intermédiaire d'un médecin suisse qui avait accompagné Sherard lors de sa première excursion. Chishull, cependant, avait publié dans ses Antiquitates Asiaticae (Londres, 1728), pp. 149-155, deux inscriptions et deux monnaies d'après Scherard, avec la localisation (p. 149) à Geyra. Le chirurgien qui avait informé Peyssonnel n'était jusque là pas connu et il reste anonyme. La forme fautive Tauropolis trahit la source du chirurgien, une inscription du VIIe siècle après J.-C., sur la porte Nord-Est du mur d'enceinte d'Aphrodisias, cf. Ch. Roueché, Aphrodisias in late Antiquity (Londres, 1989), n° 42, où le toponyme Aphrodisias a été en partie martelé pour être transformé en Stavropolis, mais où le sigma initial se confond avec le sigma final du génitif du mot précédent par manque de place. Le toponyme «Geyra» dans la lettre dérive d'un autre plus tardif donné à la cité, Caria, forme actuelle Gera (cf. Roueché, pp. 148-151). Le fleuve Timélès apparait sur des monnaies d'Aphrodisias et d'Héraclée du Sabalké ainsi que dans une inscription de cette dernière. La monnaie mentionnée ici est certainement une monnaie d'Aprodisias qui permet à Peyssonnel d'établir la succession des toponymes. Peyssonnel revient sur cette exploration de la moyenne vallée du Méandre dans un manuscrit du Muséum d'Histoire Naturelle, Ms 44, qui provient des papiers du géographe Jean-Denis Barbié du Bocage, second cahier, à savoir un questionnaire sur la topographie de l'Asie Mineure rédigée, en 1749, par l'Académie des Inscriptions à son intention, avec les réponses de Peyssonnel dans le marge, en date du 25 septembre 1754, soit cinq ans après. Dans le même cahier, à la suite, une lettre de Peyssonnel reprend par le menu les diverses explorations qu'il a patronées en Asie Mineure. Il cite un extrait de l'inscription où l'ethnique des Aphrodiséens a été martelé en partie et transformé en (S)tavropolitains, sur l'architrave de la porte Nord-Est de l'enceinte urbaine (VIIe siècle p. C., Ch. Roueché, Aphrodisias in Late Antiquity, Londres, 1989 n° 42"; Inscriptions of Aphrodisias 2007", sur Internet, n° 12 101) et il ajoute f°9 r-v: «On peut se rappeler qu'avec ma dissertation sur Gueyra ou Aphrodisias, j'envoyai à Mr. Pellerin une médaille singulière de la ville d'Aphrodisias au revers de laquelle étoit un fleuve couché avec le nom TIMELHS (en grec, majuscules).» J'ai retrouvé cette monnaie dans Joseph Pellerin, "Recueil de médailles de peuples et de villes... ", vol II, Paris, 1763, p. 122, pl. LXVI, 15, Dèmos au droit et Timélès au revers, avec cette remarque: «Aucun auteur ni géographe n'a fait mention du fleuve TIMELHS (en grec, majuscules) qui se trouve ainsi nommé sur celle qu'on rapporte ici, n° 15.» C'est, sans aucun doute possible, la médaille envoyée par Peyssonnel. Ce fleuve est aussi mentionnée dans une inscription honorifique d'Aphrodisias à propos d'un captage pour alimenter la ville et il figure dans le monnayage d'Héraclèe de la Sabalkè, ce qui n'est pas sans poser des problèmes topographiques. Ces deux cités sont, en effet, de chaque côté d'une ligne de partage des eaux, et donc sur deux bassins versants différents. (fr)