-Lettre du 24 mars 1770 (de Naples) : « Monsieur, Toujours vos lettres me causent le plus grand plaisir, et je vous prie, puisque vous n’avez pas de peine à écrire de ne pas m’en priver quand même il n’y aurait pas d’affaires de médailles entre nous. Vous pouvez être sûr que si j’eusse pu faire confidence à quelqu’un de l’ouvrage des dialogues sur les blé( ?), que je m’amusais à écrire à Paris, c’aurait été à vous par préférence à tout autre, et à tous égards ; mais comme je ne comptais pas partir de Paris si tôt, je voulais garder le plus parfait incognito. Enfin puisqu’il vous a fait plaisir, je suis au comble de mes vœux, car je ne voulais qu’amuser mes amis, en attendant que le pubic, et le siècle à venir soit persuadé. Assurément je ne répondais à personne. Je n’ai pas fait un ouvrage pour le sot plaisir des disputes. J’ai cru faire un livre utile, et m’acquitter de ma dette envers une nation qui m’a tant aimé, que j’aime si fort et que j’espère un jour de revoir. Les gens d’un esprit calme trouvent qu’il y a du bon et du vrai dans ces dialogues. Les fanatiques ne sont jamais bons à rien, et il ne faut pas perdre son temps, ni à les combattre, ni à les persuader. Je suis enchanté que vous ayez reçu les onze médailles d’argent avec une mauvaise de cuivre. J’espère que vous recevrez de même la petite boîte dans laquelle il y a l’Emilien de grand bronze et la médaille d’Aquino. Je n’ai pas encore reçu le paquet de médailles, que vous me destinez. Il se sera arrêté à Rome, et j’ai déjà écrit pour qu’on me l’envoie. Je n’avais pas pris la liberté de vous demander le congiaire de Gétas, que parce que je me souvenais que dans une estimation marquée sur des petits morceaux de papier mis dans les cases du médaillier il n’était estimé que 8tt peut-être à cause de sa mauvaise conservation ; mais en vérité je ne me souviens pas s’il est bien ou mal conservé. J’ai beaucoup de médailles de Philippe ( ?). Je ne regarde pas l’Auguste (Saitbilis) puiqu’il n’était qu’un moyen bronze renforcé. J’en ai deux ou trois de moyen bronze. Pour les autres médailles que vous m’envoyez sans attendre à les voir je vous fais mes rermerciements d’avance. Je suis accoutumé de longue main à faire des bons marchés avec vous. En attendant je cherche, et je fouille partout ici pour vous fournir de médailles. Celles que je devais voir qui venaient de Smyrne m’ont été enlevées par l’abbé ( ?), qui apparemment est resté commissioné de Mr d’Ennery ici. Heureusement j’ai appris par l’abbé Zarrillo qui l’avait vue qu’il n’y en avait pas une seule qui vous manquât. Il y avait des médaillons d’argent des rois de Syrie, et rien de bon dans le bronze. Je viens d’acquérir une médaille consulaire de la famille Julia. Il y a d’un côté L. CAESAR autour d’une figure de Minerve casquée. De l’autre il y a un char attelé, et trîné par deux hommes ailés (c’est apparemment des rênes) avec la légende L. IVLI. L.F. Si elle manque à votre suite de consulaires, je vous l’enverrai. J’ai déterré une médaille de Bitonto de bronze où il y a une chouette d’un côté, et la foudre de l’autre. Je suis après au possesseur pour la lui arracher mais c’est un antiquaire difficile à persuader. J’ai trouvé dans les mains du consul d’Angleterre deux médailles d’Auguste moyen bronze avec des légendes puniques, ou phéniciennes que je ne me souviens pas d’avoir vues. Je vous en enverrai le dessin etsi elles vous manquent, j’en entamerai le marché. Voilà tout ce que j’ai pu trouver jusqu’à cette heure. d’Ennery enleva à un milord anglais une belle médaille d’or d’Héraclée, et lui donna un Trajan fort commun en échange. Il lui prit de même une belle médaille d’argent des rois de Syrie, et lui donna une médaille fausse en échange. L’Anglais crie au voleur à présent mais d’Ennery est parti, et emporte ces deux médailles, et c’est ce qu’il a eu de plus beau à Naples. Je n’ai fait aucun marché avec lui. Il voulait me faire acheter la suite de moyen bronze de Bourlomaqui, qu’il me disait fort garnie de médailles grecques ; mais je vois à présent ce que c’est, et que je n’aurais que son rebut, et celui du président de Saint-Victor. Ainsi je n’y pense guère. Cependant s’il se présentait à vous l’occasion de m’acheter quelque belle médaille grecque soit du grand ou du moyen bronze à bon marché, je vous prie de ne pas m’oublier. Pour les latines, comme j’en ai beaucoup, il faudrait me marquer d’avance ce qu’elle est pour voir si elle manque à ma suite. Je vous prie de mes compliments à notre cher abbé Grimod, et à tous mes amis. Ne me privez pas du plaisir de recevoir des lettres et des nouvelles de vous, et comptez que j’ai trop de raisons pour être toute ma vie avec le plusn parfait attachement, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur, Galiani» (Paris, BnF, Fonds français, n. acq. 1074, f° 6-7 ; Sarmant 2003, p. 223, note 145).