Gisbert Cuper - Antoine Galland - 1710

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Gisbert Cuper, Deventer

Gisbert Cuper - Antoine Galland - 1710
FINA IDUnique ID of the page  3565
InstitutionName of Institution.
InventoryInventory number.
AuthorAuthor of the document. Gisbert Cuper
RecipientRecipient of the correspondence. Antoine Galland
Correspondence dateDate when the correspondence was written: day - month - year . 1710
PlacePlace of publication of the book, composition of the document or institution. Deventer 52° 14' 57.37" N, 6° 10' 34.07" E
Associated personsNames of Persons who are mentioned in the annotation. Etienne Chamillart, Francesco Mezzabarba Birago, Joost Lips, Laevinus Torrentius
LiteratureReference to literature. Mezzabarba Birago 16831, Cuper 1743, XXV, p. 259-2672, Abdel-Halim 1964, p. ?, n° ?3
KeywordNumismatic Keywords  Roman , Nero , Decursio , Gallienus , Legend , Legions , Antony
LanguageLanguage of the correspondence French
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Grand documentOriginal passage from the "Grand document".

-Lettre (sans date ni lieu, après 1709) : « J’ai lu l’explication d’une médaille de Néron, insérée dans les Mémoires de Trévoux, à la page 644 de l’année 1709, où l’on nous parle des Decursions des Romains. Cette médaille nous représente la tête de cet empereur, et la légende en est, NERO CLAVDIVS CAESAR AVG GERM. P. M. TR. P. IM. III. P. P. On voit de l’autre côté deux cavaliers, qui portent un bouclier de la main gauche, et une lance ou pique de la droite, et on lit dans l’exergue DECVRSIO. L’explication de cette médaille m’a donné un grand contentement, quand je l’ai lue, sicut meus est mos, en chemin faisant, et j’y remarquais avec plaisir, que ce savant antiquaire, en suivant les anciens et les modernes, distinguais trois sortes de décurions, dont la premère était une espèce de revue, ou d’exercice de cavalerie, la seconde pour les jeux, et la troisième pour la pompe funèbre. Il croit outre cela, que Suétone nous explique cette médaille, en parlant ainsi : indicta decursione praetorianis scutum sua mano praetulit ; et il ajoute que cette dernière sorte de décurion, était une revue, ou un exercice de cavalerie, dans laquelle on leur apprenait tous les mouvements qu’ils devaient faire dans une action, et toutes les évolutions auxquelles ils devaient s’accoutumer. Mais après avoir examiné chez moi cette dissertation avec quelque exactitude, je me trouve indispensablement obligé de dire, que je ne puis être de ce sentiment, et l’ingénieux auteur aura bien la bonté de me permettre d’en dire mes raisons, que je soumets entièrement à son jugement. Il est impossible que le passage de Suétone puisse y avoir du rapport. Il n’y parle pas de Néron Auguste, comme il est représenté sur la médaille, mais de Néron fort jeune, et n’étant pas encore que César : deductus in forum tyro populo congiarium, militi donativum proposuit, indicta Praetorianis decrusione scutum sua manu praetulit. Chap. 7 Cela se fit l’an de la fondation de Rome 800, ou 803 et il fut proclamé Auguste au mois d’octobre de l’an 807 à la mort de Claude, et c’est de ce temps-là que son successeur et fils adoptif prenait le titre« ; … » Deux cavaliers se voient sur la médaille dont je parle, et voilà encore une preuve bien considérable pour faire tomber le raisonnement de ce savant inconnu. Les Prétoriens étaient fantassins, excepté un petit nombre ; Néron était aussi à pied en prenant l’habit d’homme, et il s’est mis ainsi peut-être à la tête des gardes du corps de l’empereur » ; développement sur les décurions ; « L’anonyme croit qu’on doit attribuer à ce jeu de Troie, une médaille où l’on vit Néron encore César, et dans le champ du revers au lieu de figure ces paroles : EQUESTER. ORDO. PRINCIPI. JUVENTUTIS. S. C. L’ordre des chevaliers offre au prince de la jeunesse cette médaille frappée en conséquence d’un décret du Sénat. Mais ce que j’ai déjà avancé est contraire à cette explication : le Jeu de Troye a été célébré par Néron tout jeune, et avant qu’il fut adopté et fait principes juventutis ; laquelle dignité il n’a jamais eue, avant qu’il fut agrégé par les artifices de sa mère dans la famille impériale ; et par une conséquence indubitable, cette médaille ne peut être appliquée qu’au tyrocinium de Néron, qui a été postérieur à l’adoption. Je ne crois pas outre cela, que l’ordre des chevaliers (si l’on peut nommer ainsi l’equester ordo des Romains) y témoigne qu’il offre cette médaille à Néron, mais qu’il a dédié dans quelque temple à son honneur le bouclier qu’on voit sur la médaille, ou plutôt qu’il lui en fit présent, quand il fut honoré par Claude du titre de Princeps Juventutis. On y lit d’un côté, à l’entour de la tête de Néron nue et jeune : NERONI. CLAVDIO. DRVSO. GERM. COS. DESIG : et de l’autre sur un bouclier, EQVESTER. ORDO. PRINCIPI. JVVENTVTIS, et il me semble que mon explication doit être préférée à l’autre : car les chevaliers, ou l’Ordo equestris, n’avait pas droit de faire battre de la monnaie, quoique je ne sache pas précisément, si le savant interprète a voulu dire cela par l’offre de la médaille frappée. Je sais qu’un savant homme, qui soutient dans les Mémoires de Trévoux, que les médailles n’ont pas été de la monnaie, avance à la p. 108 de l’an 1707 que les corps les ont fait faire, et qu’il allègue entre autres pièces celle de Néron, une de Commode, où il y a aussi EQVESTER ORDO PRINVIPI JVVENT, une de Gallien COHORTium PRAEFecti PRINCIPI SVO, et enfin une autre du même empereur, GALLIENVM AVGVstum Populus Romanus. Mais j’en doute encore ; et s’il y a quelque fondement dans cette opinion, il faudrait dire, ce me semble, que l’Ordo equestris et les capitaines des gardes de l’empereur avaient requis les intendants de la monnaie de vouloir battre de telles pièces, ou que ceux-ci l’ont fait de leur propre mouvement, ou même par ordre des empereurs, qui voulaient ainsi conserver la mémoire des actions, qui sont représentées sur l’or et l’argent, ou par ordre du Sénat à l’égard de celles de bronze. En vérité c’est une spéculation assez difficile ; il y a non seulement des compagnies de gardes, mais aussi des légions, qui se rencontrent sur les médailles de Gallien, et des autres empereurs, et même de Marc-Antoine le triumvir, à qui pourtant je ne crois pas que personne veuille attribuer le droit de battre de la monnaie. Il en faut pourtant dire un mot, quoique cela soit presque hors de propos. L’on voit donc la troisième et la sixième compagnie, qui ont pour enseigne ou devise, la première un leo gradiens, et la dernière une histrix : la septième dans Mediobarbe (Mezzabarba) Leo gradiens, mais on lit dans Tristan Tom. III. p. 79. COHH. PRAETORIAN. VIC. Cohortes Praetorianae Victrices. Les légions se donnent sur les médailles du même Gallien divers symboles, et je crois qu’elles les ont mis sur leurs boucliers, ou aux enseignes, hormis l’aigle, comme Lipse croit que la cinquième légion a un éléphant, selon Appien alexandrin. Quelques-uns de ces symboles sont parlants, ou presque parlants. La déesse Pallas se voit jointe à la LEG. L. MIN. VI. P. VI. F. Les centaures avec la LEG. II. PART. à cause que les Parthes étaient de bons sagittaires ; Neptune à la LEG XXX NEP. (Neptunia) VI. F. et à la LEG. XI. CL. (classica) VI. P. VI. F. La louve avec Romulus et Remus à la LEG. L. et la LEG. II ITAL. P. VII. F. à cause de la naissance et de l’éducation de ces deux frères en Italie. Mais ce qui rend une partie de cette matière difficile, c’est que d’autres symboles sont attribués aux mêmes légions, comme à la LEG. I. ITAL. P. VI. F. un sanglier, et à la LEG. II. ITAL. VII. P. VII. F. une cigogne d’Egypte, ou l’Ibis, qui se voit aussi avec la LEG. III. ITAL. VI. P. VI. F. Les légions ne sont pas distinguées par aucune marque sur les médailles d’Antoine le Triumvir, et elles nous y représentent un aigle, et deux autres enseignes, tout de même que sur les médailles de Septime-Sévère. On lit sur une d’Aureolus LEG. I. MIN. RESTITVTA, et l’on voit Minerve et Aureolus manus admoventes ramo Palme in terram defino ; et sur une autre de Victorinus LEG XXX. VI. P. VICT. P. F. Figura nuda stans, dextra hastam tenens cum Capricorno. Il est tout-à-fait vraisemblable, que Minerve a ses rapports au surnom de la légion XXXVI Parthica, Victrix, Pia, Fidelis. Il est constant de tout cela qu’on voit les noms des corps sur les médailles ; mais d’en vouloir conclure que ces corps avaient le droit de battre de la monnaie, ou que ces médailles aient été faites par leur ordre, c’est ce que je ne puis encore comprendre. Il me semble plutôt que Marc-Antoine ait voulu faire ainsi parade de ses forces, et qu’il fit mettre les noms des légions qui lui obéissaient sur les médailles ; et qu’après les empereurs ou le Sénat firent ainsi célébrer la fidélité et la bravoure des légions et des cohortes praetorinae, et même des armées entières, de quoi une grande quantité de médailles sont des témoins incontestables. Je laisse néanmoins cette matière à l’examen des habiles antiquaires ; je me soumettrai toujours à leurs décisions, et je m’en vais retourner à mon principal sujet. Le comte Mezzabarba nous donne deux médailles de Néron, l’une d’or et l’autre d’argent, où se trouve la légende NERONI. CLAVDIO. DRVSO. GERM. COS. DESIG. et EQVESTER. ORDO. PRINCIPI. JVVENT. Mais les lettres S. C. Senatus Consulto, ne s’y rencontrent point, et le savant anonyme assure qu’elles sont sur la sienne ; que je crois pour cette raison être de bronze. Il les attribue toutes les deux à l’an 808, et si cela est ainsi, il doit s’ensuivre que Néron dût avoir été consul l’an 805. Mais puisque cela n’a pas été, et qu’il n’a eu cet honneur pour la première fois qu’en l’année 808, après la mort de Claude, qui arriva au mois d’octobre de l’an 807, je crois que cette médaille fut frappée alors, et que les chevaliers ont honoré Néron d’un bouclier d’or, ou du moins d’argent, ou que les monétaires en ont conservé la mémoire, si ce bouclier lui a été offert au temps qu’il fut fait princeps juventutis, et adopté par Claude, ce qui arriva selon Suétone Chap. 7 undecimo aetatis anno, ou selon Tacite 12. A. 25 Coff. C. A NTISTIO ET M. SVILLIO, anno Neronis XIII. Ce qui est approuvé par Lipse, Torrentius et d’autres savants, comme je l’ai remarqué auparavant. Le même comte nous donne encore la description de trois médailles de bronze de Néron, où le mot DECVRSIO se lit. NERO CLAVDIVS. CAESAR. GER. P. M. TR. P. IMP. P. P. inde DECVRSIO. S. C. Duae figurae equestres decurrentes una cum hasta, alia cum labaro. NERO CLAVDIVS. CAESAR. AVG. GERM. P. M. TR. P. IMP. P. P. tertio GER. Et CAES. inde DECVRSIO. S. C. Duo equites decurrentes : et in tertio, DECVRSIO, figura equestris, praepunte milite, alio sequente. Je crois que la première et la seconde ont été publiées par Angeloni, et il me paraît évident qu’elles ne peuvent être attribuées qu’à Néron Caesar et Princeps juventutis, chef de la jeunesse romaine. L’illustre comte croit qu’elles appartiennent à l’an 813 où Néron institua un certamen vel ludicrum quinquennale, témoins Tacite, Dion, Suétone et les médailles. Et il est bien vraisemblable qu’entre autres divertissements, l’on donna aussi au peuple une decursio, à la tête de laquelle se mettait l’empereur même, comme il se voit couronné de laurier sur lesdites médailles. Il est pourtant remarquable, que Néron se voit à cheval sur l’une, la pique à la main, et qu’il est précédé par un soldat à pied et suivi d’un autre. Il me semble qu’on pourrait dire que ce sont des prétoriens ; et quoi qu’ils fussent à pied, que néanmoins l’empereur montait à cheval, et qu’ils étaient obligés de le suivre à grand pas. Car les Romains exerçaient leurs soldats à la course, comme nous l’apprend Végèce I, 9 où il y a un passage de Salluste, parlant de Pompée le Grand et de ses soldats : cum alacribus saltu, cum velocibus cursu, cum validis vecte certabat : neque enim ille aliter par potuisset esse Sertorio nisi sese, suosque milites frequentibus exercitis praeparasset ad praelia. Les dernières paroles me semblent bien être un de Végèce, quoique les savants qui nous ont donné les fragments de ce célèbre auteur, en jugent autrement ; elles se trouvent aussi chez Jean de Salisbury 6. 4. De Nugis. Ce sont, Monsieur, mes considérations, et j’ose me flatter qu’elles seront approuvées, si non toutes, du moins la plus grande partie, et cela d’autant plus que j’ai vu que quelques savants ne sont pas plus contents que moi de cette explication. Car après avoir couché ces remarques, j’ai vu dans le même Journal de Trévoux, au mois de juillet 1709, à la p. 1240 ce qui s’ensuit : Au mois d’avril Art. 48. p. 644 La médaille de Néron avec le revers DECVRSIO, a des types bien différents, qui ne conviennent pas tous à l’explication qu’on lui donne ici. J’aurais souhaité que ce savant eût voulu prendre la peine d’informer le public de ce qu’il n’approuve pas, et je suis bien assuré que je n’aurais point couché par écrit mes petites remarques ; puisqu’il ne se peut faire qu’il n’eût les mêmes considérations, qui pour dire le vrai, sautent comme aux yeux, au moins si je ne me trompe pas. Je suis … » (Cuper 1743, XXV, p. 259-267 ; Abdel Halim, p. ?, n° ?).

References

  1. ^  Mezzabarba Birago, Francesco (1683). Imperatorum romanorum numismata a Pompeio magno ad Heraclium ab Adolfo Occo ne olim congesta, nunc augustorum iconibus, perpetuis historico / Chronologicis notis, plubribusque additamentis illustrata, et aucta. Mediolani: Ex Typographia Ludovici Montiae.
  2. ^  Cuper, Gisbert (1743), Lettres de Critique, de Litterature, d'Histoire, &c. ecrites a divers savans de l’Europe [...] publiées sur les originaux par Monsieur de B**, chez J. Wetstein, Amsterdam.
  3. ^  Abdel-Halim, M. (1964), Antoine Galland, sa vie et son œuvre, Paris.