-Lettre du 7 avr. 1708 (de Deventer) : « C’est une défaite ridicule du père Hardouin, de ne vouloir pas publier son système pendant sa vie. Il me semble que cela vaut autant que de dire : je confesse mon erreur, mais je n’en démordrai pas, et je suivrai toujours mon grand chemin. La Compagnie qui se vante de faire autant de bien au monde, devrait l’y contraindre, afin que tout le monde pût être désabusé, et videre grande illud arcanum » ; « La médaille d’Antoine, dont vous parlez, est belle, et vous jugez très bien, que le titre de est donné à Cléopâtre pendant sa vie et celle de Marc-Antoine ; les autres médailles le prouvent invinciblement, et cette fameuse reine y est appelée , c’est-à-dire la jeune ou la nouvelle Isis. J’en parle fort au long dans une dissertation commencée, De arrogantia Rom. Impp. Et aliorum in imitandis Diis ; je ne sais pourtant si je l’achèverai jamais. Les raisons que les autres savants apportent, pour y trouver une autre explication, ne sont pas de bonne trempe, et vous les réfutez très bien. Mais voici, Monsieur, une autre Cléopâtre, qui vous aurait servi à embellir votre Histoire des Juifs, si vous pouviez être du sentiment de Mr. Galland. Ce savant antiquaire m’a communiqué le dessein d’une médaille, sur laquelle on voit d’un côté Cléopâtre, avec la légende BACCCC C, et de l’autre une victoire en l’air tenant un laurier, et C C C. Il soutient fortement dans une dissertation, dont il m’a envoyé copie, qu’on y doit remettre C et que c’est Bérénice qui y est représentée, et qu’elle a aussi été appelée Cléopâtre. Mais le mal est, qu’il ne prouve cela par aucun auteur, et que cette médaille est seule son garant. Pour moi je suis d’un sentiment tout opposé, et je crois que c’est la reine d’Egypte, à qui celle de Mr. Galland ressemble parfaitement. J’ai allégué outre cela contre le sentiment de ce savant cinq ou six raisons, qui me semblent incontestables, mais dont je ne vous ennuyerai pas. Je crois donc qu’on doit en faire n. Victoria, qu’on y voit représentée, comme je viens de dire, de dea juniore regina Cleopatra ; et il me vient à cette heure dans l’esprit, que César pourrait êtrer appelé avec emphase C, à cause qu’Antoine est nommé sur ses médailles quelquefois simplement et presque par excellence . Il m’est venu aussi en pensée que l’empereur Tite aurait pu faire frapper cette médaille pour conserver la mémoire de cette reine, qui était sans doute encore chère à ceux d’Egypte. Mais pour revenir à votre médaille, je vois que Marc-Antoine y est qualifié de , consul ; il l’a été sans doute, et même deux fois : mais je ne sais comment expliquer la lettre qui suit ce mot, et je souhaiterais d’avoir la copie de cette médaille, pour en juger mieux » ; « J’ai le bonheur de connaître le père Banduri (nb : écrit « Bandury »), nous nous écrivions quelquefois, et je dois réponse à une de ses lettres, qu’il a accompagnée des copies de quelques médailles qui seront mises dans ses Antiquitates Constantinopolitanae. Je lui en ai communiqué quelques-unes de mon petit cabinet, dont une est très singulière. Elle nous représente un empereur grec, Theophanes, dont personne n’a entendu parler, et que je ne trouve nulle part ailleurs » ; « Voilà, Monsieur, la réponse à tous les points de votre agréable lettre, excepté celui de l’impression de mes manuscrits dont Mr. Leers a parlé ; je l’en entretiendrai une autre fois ; je tâcherai cependant de les corriger et de les mettre en ordre. Ils s’augmentent toujours, car l’on m’a envoyé de Rome et de Paris les empreintes de quelques médailles très rares qui y doivent entrer » (Cuper 1743, VII, p. 409-11).