-Lettre du 31 décembre 1709 (de Swol) : « Je ferai tenir à Mr. Galland les copies des médailles arabes, dont vous m’avez fait part : je m’imagine que ce savant professeur contribuera beaucoup à l’explication de ces mystères, comme vous pouvez voir par une de ses lettres, que je vous prie de vouloir renvoyer. Vous verrez aussi par le billet qui y est joint, ce qu’en juge Mr. le professeur Reland, à qui je l’ai envoyée, selon le désir de Mr. Galland, comme vous verrez par sa lettre. J’abandonne l’explication de la médaille tyrienne, et je ne sais pas si sa pagaye, pour parler avec les colonies françaises d’Amérique, y est représentée avec le gouvernail. Je vous suis néanmoins très obligé des informations que vous m’en donnez et un ou deux passages des autres auteurs nous en doivent éclaircir, si peut-être on les pouvait rencontrer. J’ai envoyé des copies de la médaille de Mr. Seidel et de la mienne à Mr. Cristin, vicomte de Veurne et de Duisbourg, conseiller en la cour souveraine de Brabant; il les a communiquées à quelques personnes curieuses ; et le Père Vitri, jésuite à Cambrai, croit qu’elles sont toutes deux maures, ou frappées dans la Maurétanie ; il allègue pour raison, que le même revers presque se rencontre sur des médailles, qui sont frappées en l’honneur d’Hadrien et de Commode, et que les caractères de l’autre côté sont assez semblables à une autre, du roi Juba, qu’il a vue, et qu’il a perdue il y a deux ans. Cette remarque peut être vraie ; mais je ne vois aucun fondement à pouvoir soutenir, que la même soit aussi frappée dans le même pays ; et les lettres de ces deux médailles ne se ressemblent en aucune manière, au moins à ce que l’autopsie m’en apprend. Votre raisonnement sur la médaille marquée de la lettre B est fort juste ; mais quoique la tête surmontée de deux anges soit assez bien gravée, il me semble ourtant, qu’elle n’est pas si bien faite, que la tête que Mr. Reland croit être une des Séleucides et qu’elle ne sent pas son grec ou son latin, mais absolument son arabe ; et je ne doute nullement, que cette pièce ne doive être attribuée à cette dernière nation. J’ai très exactement considéré l’empreinte de la cornaline, et j’y vois les mêmes lettres que sur la médaille persane ; j’en envoierai un exemplaire à Mr. Galland, cet habile antiquaire pourrait peut-être les déchiffrer ; pour moi je confesse mon ignorance ; mais je crois néanmoins, que cette pièce pourrait avoir été un sceau du prince même, dont on y voit la tête, ou de Cyrus, dont la tête était gravée sur les sceaux des rois de Perse, comme il est constant par le scholiaste de Thucydide ; et je ne manquerai pas d’en parleer dans la dissertation, que j’ai ébauchée sur cette matière » ; « J’espère de recevoir bientôt les copies des médailles arméniennes, qui sont dans le cabinet de Ste-Geneviève, et dans celui de Mr. De Lamoignon. Mr. l’Abbé Bignon s’y emploiera, mais il craint, que la mort de Mr. de Lamoignon n’y apporte quelque retardement. Il fera pourtant auprès des héritiers de cet illustre magistrat, ses cousins, tou ce qu’il pourra pour les avoir » ; « Il (nb : le consul de Grande-Bretagne qui est à Smyrne) y a joint un catalogue de médailles, où je trouve les noms de quelques villes qui me sont inconnues ; et j’attends tous les jours les médailles mêmes, qui viennent aussi du Levant, pour les examiner ; et j’espère d’y trouver quelques particularités, que nous ne connaissons pas encore » (Cuper 1743, XV, p. 48-50).