-Lettre de la fin 1715 : sur la grande trouvaille d’or romain faite près d’Arnhem, p. 179 : « Le trésor m’appelle enfin et en voici l’histoire. Un marchand en tabac demeurant proche d’Arnhem, a une mauvaise prairie proche le village, dont le nom est Velp, qui est dans le voisinage. Il y avait quelques collines dans cette prairie. Le propriétaire a fait il y a deux ans abattre ces collines pour l’améliorer. Mais cela ne réussissant pas, il a fait bouleverser la prairie par dix laboureurs, partie paysans, partie soldats et cavaliers. L’un de ces derniers trouvant que la bêche s’arrêtait sur quelque dureté, il croyait que c’était une pierre ou un caillou, mais en l’enfonçant avec plus de force, il trouva une petite médaille d’or attachée à la bêche, et vit après, qu’il y avait une bonne quantité de ce métal. Les autres accoururent, en disant avec Phèdre, Commune quodcumque est lucri ; et ils y trouveront des colliers, et des bracelets en or, mis en rond ; le milieu de ce rond était couvert de médaillons, et sur ces médaillons était mise une grande quantité de petites médailles d’or non en plat, mais sur les marges. J’ai eu entre mes mains trois de ces médaillons, dont l’un était à Mr. le Baron de Spaen, seigneur de Bouillon, lequel château en est tout proche ; l’autre à Mr. le Bourguemaître Menthen ; le troisième et le plus grand à Mr. le Bourguemaître de Groot. Le premier et le dernier m’ont honoré des copies, et Mr. Menthen l’aurait sans doute fait aussi, s’il avait été en ville. Je vous envoie donc une Galla Placidia, qui est à Mr. le baron, et un Honorius, dont le possesseur est Mr. de Groot ; vous verrez, Monsieur, que les ornements qui entourent ces pièces, en font des médaillons, le premier vaut 75, le second 140 florins de Hollande ; et je vous prie de vouloir m’apprendre si dans le trésor royal de Berlin se trouvent de telles raretés, et à quel usage vous croyez qu’elles pourraient avoir servi. J’ai vu une trentaine de petites médailles et j’en ai acquis deux à Arnhem ; elles étaient toutes des fils de Constantin le Grand, de Valens, Valentinien, Honorius, Gratien, et d’autres empereurs de ce temps, entre lesquelles il y avait aussi un Johannes ; les miennes sont chacune de 7 francs, et les autres n’étaient pas plus grandes. Ce trésor était dans un lieu, où il y avait eu une colline et de là quelques-uns jugent que c’était un trésor sépulcral ; les autres soutiennent que les Romains y avaient perdu une bataille, et que c’était un reste du trésor impérial. Certainement la façon de ces médaillons semble assurer ce dernier point, et si l’on pouvait trouver la prétendue bataille, je ne ferais pas de difficulté de le croire ; car j’estime que ce sont des dona militaria dont étaient honorés les officiers ou soldats, qui s’acquittaient bien de leurs fonctions. J’ai prié Mrs. Passionei et l’Abbé Bignon de me vouloir informer de ce qu’ils en pensaient, mais je n’ai pas encore reçu de réponse. J’en ai trouvé une semblable de Gordianus Pius, mais non pas si grande ou si bien taillée, dans le livre de Mr. Bianchini de cylco Solari à la 2ème planche ; la boucle, qui y est aussi attachée, prouve assez que cette médaille a été portée au col. Voilà, Monsieur, les particularités de ce trésor ; il me semble qu’on pourrait appeler ce siècle, un Siècle d’Or, à cause qu’on a trouvé à Velp dix ou douze milles livres en or, que Mr. le comte de Flodrof m’a parlé d’un autre trésor, trouvé à Aix-la-Chapelle, et que les gazettes publiées il y a quinze jours nous apprennent qu’en Italie dans le Royaume de Naples on a déterré une excessive somme aussi d’or, et en médailles grecques, toutes de ce charmant métal. J’espère que mes amis m’en informeront » (Cuper 1743 LII, p. 179-80).