-Lettre du 11 jan. 1699 (de Deventer) : « Monsieur, J’ai eu l’honneur de vous écrire une lettre de 26 juillet de l’année 1695, et elle était accompagnée de deux exemplaire (sic) du Chronicon de Joh. Malela (2), dont l’évêque de St Asaf (3), maintenant de Coventry et de Lichfelt (4), faisait présent au père Pagi (5) et a vous. Je ne crois pas qu’elle vous a été rendue, parce que je n’ai point reçu réponse, et que le père Pagi n’a pas encore vu l’exemplaire, qui lui était destiné. Je ne sais assurément, d’où vient, que mes lettres soient interceptées (sic); comme il est encore arrivé à deux autres, que j’avais écrites au mois d’août, de l’année 99 <, au père Pagi et à Mr. l’Abbé Nicaise> et qui étaient remplies de littérature. Car je traitais fort au long dans l’une de la famille de Valérien et de Gallien, et dans l’autre de l’explication, que le Père Daniel donne dans ses savantes dissertations à ces mots, CONOB. AVGGI. AUGGGAet de THEODEBERVS. C. (6) C’est quelque mal honnête savant sans doute, qui les a retenues, et qui peut-être a dessein d’en faire son profit, et publier ce que j’ai avancé avec assez de fondement, pour des remarques de son invention. J’ai reçu les Numismata de Mr. Vaillant (7), et Mr Grevius me mande, que vous m’en faites présent; et puisq(ue) je crois, que Mr. Vaillant a trouvé bon desia (8), vous ne serez pas faché, que je l’en remercie par une lettre, et que je viens aussi m’acquitter de ce devoir envers vous. Je vous en suis donc fort obligé, Mr., et je m’en souviendrai tousjours; ce livre me plaît <beaucoup» assurément, et je l’ai commencé a lire avec une ardeur incroyable; oui, il me semble que les affaires publiques, mes amis, le dîner, le souper, et le sommeil même ne m’en devrait pas empêcher. Vous pouvez être assuré par là, que j’aie beaucoup d’obligation à vous et à Mr. Vaillant, et que j’en témoignerai quand l’occasion s’en présentera. Si vous le trouvez bon, nous nous pourrions entretenir quelquefois, sur des nouvelles de la Republ(ique) des Lettres, ou sur quelques points, qui touchent l’Antiquité, ou sur les passages des auteurs anciens; car vous vousy entendez merveilleusement, témoin les notes sur Lactance (9), et je m’en estimerai toujours heureux de pouvoir profiter de vos lumières. Mes notes sur ce père, sont fort augmentées, et je m’y mettrais de bonne fois, si l’on en voulais faire une nouvelle édition (10). J’ai taché d’expliquer beaucoup de passages des auteurs de ce temps, ou d’autres qui parlent de la persécution de Dioclétien; et l’évêque de Coventry m’a envoyé une savante dissertation (11), où il soutient, que la persécution n’a pas duré que huit ans, ou decem annos interasos, mais je ne suis pas de son sentiment, et je lui ai montré, qu’il ne s’était pas bien pris à l’explication d’un ou deux passages d’Eusèbe (12). Ie n’en dirai pas d’avantage pour cette fois, mais je vous parlerai de deux médailles qui sont, à ce que j’en pu juger, fort rares. Sur l’une Tibère est appellé IMP. VNICus, et sur l’autre il se lit MAKEDONWN DEUTERAS. Mes amis d’Italie ne peuvent pas croire, que la dernière médaille soit dans le cabinets (sic), et je n’ai pas vu aucun auteur qui fasse mention ni de l’une ni de l’autre, et pour dire le vrai je suis persuadé que la première est uniq(ue). Parlez-en je vous prie a Mr. Vaillant, et à d’autres antiquaires, et vous me ferez un très singulier plaisir, si vous me voudriez communiquer ce qu’il vous en disent, ou que vous en jugez vous méme. Il y a encore une chose, dont je ne sais, si je vous ose charger; j’aime fort comme vous le savez, les belles lettres, et j’y emploie le peu de temps, qui me reste; et comme c’est un grand article de connaître les savants et (13) leurs ouvrages, je vous aurais une éternelle obligation, si vous me voudrez apprendre leurs noms, et les livres, ou dissertations qu’ils publient de temps en temps, principalement sur les médailles ou d’autres antiquites, pour le pouvoir faire venir de Paris. Car cette ville en abonde, et il s’y publient (sic) des feuilles, pour parler ainsi, volantes, qu’on ne peut pas trouver, si l’on ne les attrappe au commencement. En écrivant cette lettre, Mr Tullievre (14) me vient voir enpassant, il s’en allait à Liège, pour y être professeur en droit, comme vous le savez sans doute; , que je n’aie pas profité d’avantage de sa conversation; j’avais avec moi quelques Messieurs de la ville pour des affaires publiques, et je ne m’en pouvais pas défaire; il m’a dit que vous lui avez mis entre les mainsle livre de Mr. Vaillant, que j’avais reçu quelques jours auparavant; je parlais de votre Harmonie Evangelique (15) a lui, et il m’assurait, qu’elle n’était pas encore publiée. En vérité, Mr., vous vous réglez trop selon le précepte d’Horace, nonum prematur in anan (16) imitez plutôt le tolle moras de Virgile (17), et faites que nous ayons bientôt un livre, qui ne peut être que rempli des découvertes curieuses. Faites mes baise-mains [ai] <a> ces maîtres antiquaires, le père Hardouin (18), Mr. Vaillant, Mr. l’Abbé Renaudot (19), Mr. l’Abbé de Bos (20), et d’autres, quoiq(ue) je n’aie pas l’honneur de les connaître, que par leurs écrits, et je désire de savoir, si le Père Hardouin a renoncé à l’étude des médailles, entièrement; ce serait sans doute un grand dommage, car ce savant jésuite s’y entend fort bien; je demeure, Monsieur, Votre très humble serv(iteur), A Deven(ter) le 11 de Ian(vier) st. Iul. 1699 (Uppsala, Bibliothèque de l’Université, sur Europeana. Réf. Waller Ms benl-00212, sans numéro de folio ; transcription et notes de Guy Meyer).