Remarques (Guy Meyer) : Leibniz rapporte ici les débuts de la polémique qui opposa sur sa fin Antoine Galland à l'abbé de Valmont, sur celle-ci Abdel-Halim 1964, p. 375-377 (avec des erreurs et des manques). Il y reviendra dans d'autres lettres postérieures, d'autant plus que Morell qui gardait une dent contre Galland suivait l'affaire de loin mais avec intérêt. Spanheim qui y reviendra lui aussi dans la troisième édition (1717) de ses Dissertationes, Vol II, p. 306, en avait déjà traité dans Les Césars de l'Empereur Julien traduit du grec, Paris 1683, p. 103 [anonyme sur la page de titre mais il signe l'épitre dédicatoire] où il commente l'expression « démarche de femme » : « à quoi je pourrait rapporter une médaille d'or assez extraordinaire de cet empereur, laquelle se trouve dans le cabinet d'un prince illustre de l'Empire, au rapport des savants antiquaires qui l'ont vu qui m'assurent qu'elle est antique et de qui j'en ai eu le dessin, où il se trouverait l'inscription suivante de Gallienæ Augustæ, avec le visage de Gallien. Je me contente de l'exposer à la vue et au jugement des curieux dans un endroit qui y parait si propre ; soit, après tout, qu'il y ait du dessin ou du hasard dans une telle inscription... » (avec la reproduction de la monnaie). Jean Hardouin c'est exprimé sur cette monnaie, en renvoyant à Spanheim, dans sa Chronologia veteris testamenti, paris, 1697, p. 119 (première partie sous l'année sixième), expliquant que GALLIENAE équivalait au vocatif, Galliene. Il souligne ensuite que les légendes des monnaies ne sont pas insolentes ou ironiques comme aurait pu le laisser penser Spanheim. Le Lorrain de Vallemont, plutôt néophyte en la matière, intervint avec sa Nouvelle explication d'une médaille d'or du cabinet du roi, sur laquelle on voit la tête de l'Empereur Gallien avec cette légende : GALLIENAE AUGUSTAE, Paris, 1698 (suivi d'une seconde lettre en 1699, contre Galland et Baudelot. Cette monnaie avait déjà été mentionnée par Charles Patin in de Numismate antiquo Horatii Coclitis..., Padoue, 1678, p. 43). Vaillant qui l'avait intégré en 1692 dans ses Numismata Imperartorum Romanorum praestantiora, II, p. 385, retient l'idée d'une caricature et souligne qu'il n'y avait nulle part la paix dans l'empire pendant le règne de Gallien. Il qualifie cette pièce d'extrêmement rare. Dès 1697, Galland, Lettre de M. G. touchant quatre médailles antiques nouvellement publiées par le R.P. Chamillard J., publiée à Caen, p. 13-14, qui pour une fois est du même avis que le père Hardouin (les monnaies ne sont jamais satiriques et il opte lui aussi pour un vocatif ; pour une fois aussi Galland prend le contrepied de l'explication de Vaillant ; la publication de la lettre de Galland suit de peu celle de Hardouin), puis, plus spécifiquement dans Lettre touchant la nouvelle explication d'une médaille d'or du cabinet du Roy, Caen, 1698, et Baudelot, Réponse à M. G``` où l'on examine plusieurs questions d'antiquité et entr'autres la Dissertation publiée depuis peu sur le Gallien d'or du Cabinet du Roy, Paris, 1698, p. 32-55, où B. défend une « facétie » (p. 54) ou une satire dans une monnaie frappée par quelque ennemi de Gallien (p. 44). La polémique autour de cette monnaie n'en est encore qu'à son début. Vallemont était loin d'avoir dit son dernier mot à ce sujet. Il invoquera une prétendue monnaie de Galliena Augusta qu'il avait retrouvée dans Goltzius. Les arguments de Vallemont sont principalement tirés d'un épisode apocryphe de l'Histoire Auguste. Gallien n'a jamais eu de cousine dénommée Galliena. Sur cette monnaie, J. P. C. Kent, « Gallienae Augustae », NC, 13 (1973), p. 64-68, qui explique la légende comme Hardouin [et Galland qu'il ne mentionne pas] par un vocatif hypercorrecte ; sur l'épisode apocryphe, Jacques Schwartz, « La fable de l'usurpateur Celsus », AC, 33, 1964, p. 419-430. La querelle entre Vallemont et Aymar à propos de la baguette de sourcier est longuement narrée par l'abbé Du Bos dans une lettre à Bayle, du 27 avril 1696, citée dans FINA pour d'autres extraits [Gigas 1890, p. 261, Lettre III ; http://bayle-correspondance.univ-st-etienne.fr/, Lettre 1107]. (fr)