Lettre du 12 janvier 1751 : « Je suis né en 1698, d’un père négociant en gros à Orléans, d’une vertu exemplaire et mort en odeur de sainteté en 1742. J’ai deux sœurs et un frère cadet établis honorablement. J’avais engagé mon père, à la fin de 1722, à m’abandonner ses affaires et à se retirer. Comme il m’aimoit beaucoup, il me fit ce sacrifice, et je me trouvai mon maître à l’âge de 24 ans. J’étois devenu éperdument épris d’une demoiselle très aimable et d’une des meilleures familles d’Orléans, puisque son grand père étoit maire de cette ville et qu’elle compte deux fameux évêques entre ses grands oncles. Elle n’avait point de fortune et moy je n’en avais pas beaucoup. Je l’épousai et je n’ai pas eu lieu de m’en repentir, puisque j’ai vécu avec elle le plus heureux de tous les hommes. Elle est actuellement âgée de 51 ans et le paroît moins que ma fille aînée qui n’en a que 22. Nous avons eu onze enfans de notre mariage, dont six nous sont restés : deux fils, dont l’aîné, qui a assez de talens, est entré à l’Oratoire depuis trois ans, et l’autre qui a pris le parti de s’avancer sur mer. J’ai mes filles, au nombre de quatre, avec moy ; et comme je les aime beaucoup, elles contribuent à la douceur de ma vie... » (Besançon, Bibliothéque, Ms 610 [Lettres de Guillaume Beauvais et autres numismatistes, écrites entre les années 1749 et 1771], fol. 21).