Remarques de Guy Meyer : Baudelot avait publié à Paris en 1698, Histoire de Ptolémée Aulètes. Dissertation sur une pierre gravée antique du cabinet de Madame. Dans la préface, il évoque déjà des différents avec Galland quant à l'identification du sujet qui reposait selon Baudelot sur la parfaite identité du profile du personnage gravé sur l'améthyste, et non pas une agate, de la duchesse d'Orléans avec celui de Ptolémée Aulète sur certaines monnaies. Galland en reçut rapidement un exemplaire par l'intermédiaire de Genébrier, ami commun de l'un et de l'autre. Il répondit à Genébrier par une lettre critiquant sévèrement Baudelot, datée de Caen, le 24 décembre 1698. Galland révèle dans sa correspondance qu'il adressa des copies de cette critique à plusieurs amis parisiens et à l'abbé Nicaise, à Dijon. Ces copies circulèrent et on en fit d'autres. Il y en a un exemplaire dans le manuscrit de la Bibliothèque de l'Arsenal MS 5447, Barthaud tome XX, ff° 254-258, qui n'est pas autographe. Dans un premier temps, Denis 1912, pp. 77-81, Lettre 68, publia la copie manuscrite de l'Arsenal, attribuant cette lettre à Du Bos. Lombard, dès l'année suivante, pp. 34-35, après sa Lettre 67, démontra l'inanité de cette attribution. M. Abdel-Halim retrouva une minute autographe dans BnF, MS FR 6137, pp. 107-123 et en rendit la paternité à Galland, voir Correspondance, pp. 242-243, Lettre XCIII, incipit seulement, et Antoine Galland, pp. 378-380. Il put aussi nommé le destinataire original de la lettre, le médecin numismate Claude Genébrier. Le secret fut relativement bien gardé, mais pas suffisamment pour que Baudelot ne finisse pas par lire cette critique et en savoir l'auteur. Il y fit une réponse manuscrite, Arsenal MS 5447, ff° 263-286, et se brouilla avec Galland. Non seulement Galland n'était pas convaincu par l'identification, mais surtout il reprochait à Baudelot de corriger abusivement des extraits de Pline l'Ancien et de Cicéron, mais encore de ne pas maîtriser le grec en commettant des erreurs dans ses citations et des confusions dans ses traductions. L'expression « les néocores d'Utrecht » doit être prise au pied de la lettre, il s'agit des « gardiens du temple du savoir » regroupés autour de Graevius, mais c'est aussi un jeu de mot sur le nom de l'un des auteurs de la recension Ludolphus Neocorus (Ludolph Küster, 1670-1716) associé à Henricus Sikius (Heinrich Sike, mort en 1712). Ils avaient publié une critique tout aussi sévères que celle de Galland dans la Bibliotheca librorum novorum, IV, 1699, pp. 367-379, périodique publié à Utrecht. La fin de l'article, p. 379 (il manque la dernière phrase dans la lettre de Du Bos) est encore plus destructrice que les critiques de Galland, puisqu'ils reconnaissent à coup sur le profil de Dante sur l'Améthyste. Or, ils semblent bien devoir cette identification à Du Bos qui l'adressait à son cousin Léonore Foy, abbé de Saint-Hillaire dès l'automne 1698 ou l'hiver 1699. L'anonyme qui a communiqué cette critique dévastatrice ne peut-être que Du Bos, à moins, mais c'est peu probable, que les censeurs d'Utrecht l'aient trouvé d'eux-mêmes. Du Bos, en revanche, ne leur a pas fourni les critiques anonymes de Galland dans sa lettre à Genébrier. Le compte-rendu des deux professeurs d'Utrecht était totalement indépendant de la lettre de Galland et, à une exception près (pp. 374-376, à propos de Potheinos changé par Baudelot en Photinguios ; les remarques sur les couronnes est trop générale pour constituer autre chose qu'un passage obligé d'autant plus que Galland et les recenseurs de la Bibliotheca invoquent des arguments et des auteurs distincts), porte sur des points différents. Il n'y a donc aucun rapport entre ces deux critiques. Sur la lettre de Galland, voir la lettre de Du Bos à Bayle du 26 févier 1699. Claude Deshayes-Gendron (c. 1663-1750) était l'un des médecins attaché à la maison d'Orléans, ami de Thoynard et de Du Bos. Sur les travaux de Du Bos dans le cabinet de médailles de Bruxelles (classement des séries et catalogue), appartenant à Maximilien-Emmanuel de Bavière, voir les lettres suivantes datées de Bruxelles et celle de Du Bos à Graevius du 20 décembre 1699. (fr)