Lettre du 29 août 1780 (de Paris) : « Monsieur, J’ai été ravi de recevoir de vos nouvelles. Je l’ai été de ce que vous m’avez fourni une légère occasion de vous prouver mon zêle. L’avantage que j’ai eu de vous connaître à Rome, l’estime que vos ouvrages m’ont inspirée, et l’intérêt que je prends à vos succès, tout m’engageait à m’acquitter de la commission dont vous m’avez honoré. Mais malgré mon empressement et mes soins, je vois avec peine que l’exécution n’a pas répondu à mes désirs. Vous le verrez par les détails où je vais entrer. La médaille de Jonathan gravée au vol. 24 des Mém. de l’Académie des Belles-Lettres, est au cabinet du Roi avec deux autres médailles semblables, mais dont l’inscription n’est pas entière. Je vais vous les décrire toutes trois, en commençant par celle que j’ai publiée. N° 1. La plupart des lettres de l’inscription sont très nettes, mais elles ont été fort usées par le frais (nb : frêt), et il leur reste si peu de relief, qu’aucun des ouvriers employés n’a pu les mouler. Vous en jugerez vous-même par l’empreinte en cire d’Espagne, que je joins ici. Je vais tâcher d’y suppléer. Première ligne. L’ïod semble figuré de cette manière (Z inversé) mais comme / la ligne transversale supérieure est fort épaisse, et que sur les deux autres médailles semblables, cette lettre est ainsi formée (), je crus devoir adopter cette forme dans la gravure ; mais le graveur oublia de ponctuer la 2e ligne transversale ; il aurait dû la figurer ainsi, () au reste on peut adopter la forme (Z inversé) d’autant mieux, que cette lettre est répétée absolument de cette manière dans la dernière ligne. Le reste du nom de Jonathan est très net, et ne fait aucune difficulté, non plus que le titre de grand prêtre qui suit ce nom, surtout quand on en compare les lettres avec celles qui sont sur les deux autres médailles. Après le titre de grand prêtre vient dans la 3e ligne un Vau figuré de cette manière (), un Heth (B), et un Beth (9). Ces trois lettres très distinctes. 4e ligne. La première lettre est formée ainsi 9. Comme sa queue se termine dans une des feuilles de la couronne, pon pouvait supposer que la ligne transversale inférieure s’était perdue dans cette feuille, d’autant mieux que dans Reland, et dans le catalogue de Pembrock, cette lettre est ainsi figurée 9. Cependant pour plus d’exactitude, j’ai fait ponctuer cette ligne transversale dans la copie jointe à ma dissertation. Des trois dernières lettres, la première paraît être la même que la première, c’est-à-dire un ïod (Z inversé) : celle qui vient après est assez nette, et paraît être un Hé (). La dernière 9 se termine par son extrémité inférieure dans la couronne. J’ai cru dans le temps y trouver quelques traces d’une ligne transversale, et je l’ai fait ponctuer dans ma copie. Cependant, je croirais plutôt que c’est un Daleth, ou un Resch. J’avais cru longtemps qu’il fallait lire () javan, et que ce mot joint au précédent répondait à celui de Philhéllène ; mais la tête de la dernière lettre étant arrondie ne peut être un Nun, et l’avant-dernière m’a toujours paru plutôt un He qu’un Vau. 2e Médaille. Cette médaille que j’ai échangée, il n’y a pas longtemps, contre une autre semblable et moins bien conservée, je la désigne sous le n° 2. Je vous en envoie 4 empreintes. Après le mot 99B vous y verrez une lettre qui paraît être un Iod (), et ensuite un Vau bien / exprimé. La dernière lettre est détruite, ce qui pourrait confirmer la leçon (), ou bien () (Philhéllène). 3e Médaille. N° 3. Dans la 3e médaille les mots qui suivent le titre de grand prêtre n’ont jamais été sur la médaille. Il n’y a que le Vau. Et vous en trouverez ici 4 empreintes. Voilà, Monsieur, tous les éclaircissements que je puis vous donner. S’ils ne suffisaient pas, ayez la bonté de me dire vos volontés, et je m’y conformerai de mon mieux. J’imagine que la médaille tombée entre vos mains est la même que la 2e du Cabinet du Roi. Je vois avec un plaisir sensible que vous continuer à vous occuper de ce genre de littérature. J’avais fait de très grandes recherches, tant sur les médailles samaritaines, que sur toutes les espèces de monuments phéniciens. Je n’en ferai aucun usage. Outre que ma santé s’est altérée, très peu de gens de lettres s’intéressent à ces connaissances ; et ceux même qui en ont quelque notion, en jugent très superficiellement. Je ne mets pas beaucoup de prix à mes productions, bien persuadé qu’avec les mêmes peines et la même constance, un autre aurait été beaucoup plus loin. Mais je vous l’avouerai : quand j’ai vu confondre mes travaux avec ceux de MM. N. et N. qui n’ont cherché qu’à regratter ce que j’avais fait, qui loin d’expliquer d’une manière probable un seul monument, un seul mot, n’ont pas même fixé la valeur d’une lettre essentielle, j’ai abandonné cette littérature, pour me livrer à des recherches plus agréables. Cependant elle m’intéresse toujours. Personne n’a applaudi avec plus de plaisir, à ce que vous avez fait, et ne recevra avec plus de reconnaissance les lumières que vous nous donnerez dans la suite. J’ai l’honneur d’être avec un attachement respectueux, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Barthélemy » (F. Perez Bayer, De Numis Hebraeo-Samaritanis, Valencia, 1781, p. XIX-XXI).