-Lettre du 10 sept. 1689 (de Paris) : « La lettre de Mr. Du Bos avec celle qu’ils vous a plut m’écrire ne m’a confirmé que dans la pensée que j'avais eu que sitôt que mon livre des Médailles Grecques paraîtrait vous ne manqueriez pas à le contrefaire comme vous avez fait à ce qu’on m’a dit (de) mes autres ouvrages que je n’ai pas encore vus : mais dont plusieurs Hollandais qui font le voyage m’ont parlé, et si vous vous fussiez adressé a moi comme vous me faites l’honneur, peut-être que les choses en eussent été mieux pour les uns et pour les autres, les Colonies vous ont coûté a faire, et je vous en aurais accommodé à bien meilleur prix qu’il ne vous a coûté, ayant donc fait de tous côté une grosse perte. Je me suis bien gardé d’aller faire une nouvelle dépense pour mes Grecques, un particulier n’étant pas sur le pieds de gens de négoce comme vous êtes Messieurs, et mon livre serait demeuré manuscrit, si plusieurs de nos curieux n’eussent fait une manière de souscription pour en faire imprimer ce qui en parût, ce qui n’est qu’un exquis quoique fort bien, réduit du premier dessein que j’avais eu. Vous me mandez que vous allez mettre sous presse mon nouvel ouvrage. Lorsque Mr. Du Bos vous a dit qu’il ne doutait point que je ne fusse dans la disposition de m’en accomoder avec vous. Il m’écrit que vous êtes des personnes fort raisonnables et comme nous sommes de la même ville et parents. Il vous aura pu dire que je l’étais de même. Vous me demandez sur la fin de votre lettre mes volontés sur vos pensées, et je vais vous dire donc les miennes. Il s’est tiré 400 de mes livres seulement. Mes Messieurs en ont eu selon leur part 300 (diviser). Pour mon livre et ma peine, il m’en reste cent, il faut pour que mes petits intérêts que l’argent m’en revienne et pour vous montrer combien l’honneur de me joindre à vous m’est avantageux pour la gloire de mes ouvrages, vous les prendrez s’il vous plaît au prix d’un souscripteur même, vous pouvez savoir d’eux tous que chacun a eu pour chaque Louis d’or neuf quatre livres, ainsi ce serait 25 Louis d’or pour les cent, vous serez les seuls qui en aurez, et pendant que que vous distribueriez cette impression, supposons six mois en envoyant à tous vos correspondants, vous recommencerriez une seconde édition que l’on devrait, revue, corrigée et augmentée des types de plusieurs médailles dont je m’obligerais de vous envoyer les dessins en convenant des prix ci-après. Pour augmenter cet in-4°, il faut savoir si vous ne voudriez seulement que la méd(aille) de l’Em(pereur) comme a donné le feu Seigneur de Mezzabarba qui serait de 90 demi-planches, ou si vous voudriez têtes et revers comme dans mes Numismata Praestantiora ; il faut qu’il m’en coûte pour les faire dessiner, et si vous vouliez vous contenter de ce que j’en pourrais évoquer moi-même, vos graveurs donnant un peu d’air et détours, la chose serait moins de coût, et plutôt exécuté, et vous en seriez quittes pour dix Louis d’or. J’avais en dessein à la fin des empereurs qui devait être le premier volume, où j’ai mis Urbes et earum populi qui commençait le second, de mettre une médaille de chaque ville et ce serait 400 autres médailles qui coûteraient à dessiner 200 lb. J’en avais fait graver quelques-unes à Rome dont j’ai les cuivres qui m’ont coûté 20 sz de Pietro Santi Bartoli qui a gravé la collonne trajane et les médailles du card(inal) de Noris, si vous les voulez je vous les donnerais pour 15 sz ce que j’en trouverais. Il faudrait en ce cas savoir s’il ne faut pas mettre toutes les médailles sous une même grandeur en avertissant par une lettre à côté. Pour des explications autres, le livre enseigne mieux que tout ce que l’on y pourrait ajouter, sinon les notes ou abbréviations des lettres grecques par exemple (…) et ainsi des autres qui serait fort utile, avec quantité de corrections dans le corps de l’ouvrage que je vous ferais endéans les six mois convenus qui seraient pour ces deux dernières choses six autres Louis d’or pour moi. Voilà à peu près ce qu’on pourrait faire dans la seconde édition qui augmenterait en embellirait fort cet ouvrage, après quoi nous pourrions entrer dans le pourparler des Ptolémées, des Rois de Syrie ou j’ai à corriger et augmenter quand on les voudra réimprimer, et des ouvrages dont nous parlerions en saison. Cent exemplaires à débiter au prix que si vous aviez été compris dans la souscription n’est pas une affaire pour des messieurs d’un si gros commerce que vous êtes, tellement que si vous le jugez à propos, vous n’aurez qu’à donner vos ordres à qui je les remettrez, et m’envoyer un double de ce que vous choisirez pour entrer dans la seconde édition à commencer du 1er octobre en six mois et j’en donnerai un pareil à celui à qui vous ordonnerez de prendre les exemplaires. Je suis un bon Picard qui va tout rondement, qui n’ai pas tant de paroles, et me contente de peu comme vous voyez. J’oubliais de vous dire qu’il m’en faudrait une douzaine d’exemplaires de la 2ème édition pour mes amis. Il ne tiendra qu’à vous que nous soyons liés désormais. Etant, mes sincèrement Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur, Vaillant » (Leyde, Universiteits Bibliotheek, Handschriften Pap. 15 Vaillant, voir Dekesel 1995, p. 52-53).