-Lettre du 26 avril 1705 (d’Amsterdam) : « J’avais eu des pensées toutes différentes de la première médaille, qui vous a été communiquée par l’illustre Mr. Cuper, que je n’en ai à présent, après avoir examiné avec soin les deux curieuses médailles du cabinet de Mr. Foucault ; comme elles sont plus entières, elles m’ont servi à établir des conjectures qui me paraissent mieux fondées, mais dont je vous laisse le jugement. Je crois que dans celle où il y a une tête couronnée de laurier, il faut commencer à lire par le dessous, où il y a (lettre phénicienne) c’est-à-dire alpha comme dans vos médailles d’Aphta, ou de Vulcain. J’exprime cette lettre en latin par A. Le mot suivant à gauche est (x, x) koph, samech, en altin CS ces deux lettres se trouvent dans vos médailles de Serpa et de Canaca très clairement. Le troisième mot est (x, x, x) que je crois être deux mots, qu’il faut lire (hébreu) thau, resch, daleth, et jod, ain, lamed, en latin TRD. IOL ou IUL. La première lettre est un thau hébreu que les Phéniciens font communément en forme de croix ; mais qu’ils ont aussi pu faire de la sorte. La seconde et la troisième sont assurément un resch et un daleth comme il paraît par plusieurs de vos médailles. La première du second mot me semble être un iod mal fait, ou renversé, dans vos médailles d’Apis il est peint ainsi (x). La seconde est assurément un aïn, et la troisième un lamed comme vos médailles de Cadix nous l’ont appris ; celle du milieu étant une gutturale, on y peut mettre telle voyelle que l’on voudra. Je crois donc que le tout fait : AUGUSTA CAESAREA TRADUCTA IOL. Par où néanmoins je ne crois pas qu’il faille entendre ni la Iulia Traducta d’Espagne, ni la ville d’Afrique, qui a porté ce même nom ; mais la ville d’Iol en Numidie, qui fut nommée Césarée par Juba, qui la fit rebâtir, comme on le voit par Strabon liv. XVII et par les autres auteurs, qui en ont parlé ; on ne voit pas, que les deux premières villes, dont j’ai parlé, se soient nommées Césarées, mais on sait que c’est la capitale du royaume de Juba, qui la nomma ainsi en l’honneur d’Auguste, qui lui donna la Numidie, qui avait été possédée par Bocchus. Vous me demanderez comment cette ville se peut nommer Traducta. Je réponds à cela, qu’il s’est pu faire, que Juba y fit passer les habitants de l’île, qui est vis-à-vis, à cause de quoi il la nomma Traducta, à l’imitation de la ville d’Espagne, qui portait ce nom. Il se pourrait faitre aussi, que ces lettres TRD signifiassent quelque autre chose, que je ne sais pas ; je ne décide rien là-dessus. Les deux derniers mots, savoir TRD. IOL ou IUL se trouvent dans la médaille de Mr. Cuper, excepté que les deux premières lettres en sont pas bien entières ; le C latin, qui est à côté de la tête, marquée Caesarea comme vous l’aviez très bien soupçonné. Vous avez aussi eu raison de croire que cette même légende se trouve dans une des médailles d’Aldrète, quoi que peu exacte. Dans l’autre médaille de Mr. Foucault, je lirais en quatre mots gouz theater hes has. Les deux derniers mots sont imparfaits et semblent devoir être exprimé ainsi dans leur entier Kesarea Haletha et le sens de tout sera Gouz, ou Giouz a été ceinte (de muraille) Césarée a été élevée ; vous savez que Strabon nous apprend, que Iulia Traducta se nommait par les gens du pays Ioza, mot qui écrit comme je l’ai fait, signifie Traducta, selon la remarque de Bochart, Chanaan 1,24. Il n’y a point de difficulté dans les lettres que dans la (x) qui peut être une figure particulière, répondant non au gimel hébreu, mais au gim arabe, ou au G français devant l’E et l’I et dans la l. (x) que je prends pour un koph, dont le haut n’est pas achevé. Au reste, la tête environnée de tours s’accorde très bien avec ce sens, et fait voir évidemment, qu’il y a ici le nom d’une ville. Si quelqu’un peut néanmoins mieux deviner, j’en aurai beaucoup de plaisir ; je ne cherche que la vérité« (Den Haag, K.B., Ms. 72 G 4, f° 195-196v ; Jean Le Clerc, Epistolario, II, lettre n° 392, p. 546-8).