-Lettre du 21 juil. 1633 (de Paris) : « … Mais laissons le surplus à Dieu, et parlons de quelque chose de plus récréatif, qui face en moi l’effet du gracieux et secourable Nepenthé d’Homère, puisque d’ailleurs vous n’étiez que l’un des juges, et que je vous ai toujours remarqué pour être plein d’intégrité, équité comme de suffisance. La première remarque, qu’il vous plaît me faire dans [votre] lettre, sur mes importunes questions, est que vous ne pouvez estimer qu’il y ait du avoir en la med[aille] de Goltzius ΤΙΦΟΥΛΕΩΝvue, ce dites vous, la liberté d’y avoir joint l’image de Livia avec celle d’Auguste, que vous trouvez bien éloignée de ce lieu. A quoi, Monsieur, je vous respondrai, que si il n’y avait que cette difficulté je n’en ferais pas doute, car en cette med[aille] la tête d’Aug[uste] seule y est réputée avec l’inscr[iption] de ΣΕΒΑΣΤΟ, comme vous le pouvez voir dans ledit Goltzius et dans l’Occo même, si vous daignez prendre la peine de les consulter. Restera à moi de vous servir un jour de raisons suffisamment passables pour n’être pas trouvées trop téméraires ; quant à celle de Neron, bien que j’en aie vues avec Octavia, il ne m’est pas toutefois arrivé d’en avoir rencontré avec l’inscr[iption] de Urino VOLVMNIO. Que si le génie favorable de l’antiquité vous en fait rencontrer une dans votre incomparable amas, je ne vous demande que la facilité de vous disposer de m’en vouloir envoyer l’inscription seule, de peur qu’une plus libre requête ne vous importunât. Pour le regard de la med[aille] d’Hadrien avec l’insc[ription] ΒΟΥΣΘΕΝΗΣ, je ne l’ai jamais vue, seulement j’en vois faire le rapport par Occo. Quant à Scaliger, que vous me cotez en faire mention sur l’Eusèbe nombre MDCXVIII, je n’en trouve rien, mais bien sur le nombre MCCCLXXII, il en parle en qualité et de ville et de fleuve, et sans citer ceste médaille, dans le revers de laquelle ce cheval mentionné semble être le cheval d’Hadrien, nommé Borysthenes, que vous voyez avoir été honoré par lui d’un gentil épigr[amme] pour épitaphe ; qui se trouve « inter vetera epigrammata », comme vous le savez mieux que moi, commencer ainsi : « Borysthenes Alanus, caesareus veredus, etc., » que si j’en puis recouvrer ou l’original, ou l’empreinte, je vous l’envoyerai de toute assurance, bien que j’aie barbouillé quelque chose sur son sujet, sur la foi du rapport d’Occo. A la charge que vous oublierez, s’il vous plaît, de me remercier de peu de chose ci-après, comme vous avez daigné faire pour cette petite méd[aille] de cuivre mentionnée au bas de votre lettre, qui me sert plutôt de reproche que d’un remerciement, étant plus honteux que je ne vous le puis exprimer, de me voir si dépourvu de tout ce qui vous pourrait servir en votre superbe et glorieux dessein dont la pensée seule me comble d’une joie incroyable dans l’espérance que j’ai de remplir quelquefois mon Ovide de tant de remarques et observations singulières que j’ignorerais et l’Europe avec, sans vous, qui sur tous les hommes savants êtes le plus capable d’en bienheurer le public par un travail digne de louange immortelle, vous assurant que la soif des curieux de deçà qui attendent cet ouvrage est telle que vous faites fort bien de tâcher toujours d’augmenter le nombre de vos vases, car à peine ce que vous en aurez pourrait-il suffire pour l’étancher. Que si j’étais si abondant en tout qu’est ce seigneur Angeloni, à ce que je vois, plus renommé en particularité qu’en courtoisie, je vous ferais bien voir que les Français sont plus généreux que les Italiens ; car je serais bien assuré que vous en serviriez bien mieux et plus utilement que moi le public, car vous dire quelque chose de ma confession générale, sachez que je dois donner un gros bouquin de mes rêveries aux curieux l’année prochaine, mais que ce sera toutefois à condition que je ne me trouve point prévenu en principales pièces expliquées par des curieux plus intelligents que je ne suis, qui suis le fils aîné de l’ignorance, et vous dirai qu’outre ledit seigneur Angeloni, nous avons ici un père minime qui fait quelques observations sur quinze cens méd[ailles] d’argent, que le sieur Collobert, curieux, a fait graver, et ce à l’imitation du discours fait par Joannes Hemelarius sur les méd[ailles] d’or du duc d’Arschot. Toutefois je ne crois pas que nous nous rencontrions souvent en nos imaginations ; il est ce que je serais content qu’il me donna st sujet, et les autres, de retrancher quelque chose de mes écritures, car j’ai un courage et un dessein trop vastes. … » (Paris, Bnf, Ms. Fonds français 9536, f° 131; Tamizey de Larroque 1885 vol. 11, lettre III, p. 19-23; Tamizey de Larroque 1972 vol. 1, lettre III, p. 728-734).