-Lettre du 13 mars 1796 : « Je suis très satisfait de vos renseignements sur les médailles fausses de Mr Sestini. Au moins je n’ai pas tort de m’être aperçu de leur fausseté sans les avoir vues. Vous m’accorderez la permission de faire usage publiquement de vos remarques sur leur valeur. Je m’en servirai avec toute la modération qui sied si bien aux gens de lettres. Vous dites qu’il (Sestini) est maintenant en Allemagne. Je l’ai aussi entendu, mais je doute beaucoup qu’il viendra à Vienne, si ce n’est incognito. Recevez mes remerciements pour le catalogue des médailles fausses d’Osman Bey, comme aussi de la médaille de Vitellius, provenante de la fabrique de ce faussaire. Nous avons donc dans notre métier un coquin de plus. On s’aperçoit pourtant à la forme des lettres de la main moderne » … « Vous avez demandé par plusieurs reprises mon jugement sur le prix des médailles, et vous m’embarrassez beaucoup. Jamais je n’ai étudié cette partie. Mon aversion naturelle et décidée contre ce qu’on appelle marchander et négocier m’en a toujours éloigné. J’ai vu plusieurs fois de grands collecteurs écrire une douzaine de lettres et en recevoir autant, pour une ou deux médailles, mais aussi les grands collecteurs furent rarement de grands antiquaires, pas même Pellerin, dont les fréquentes bévues montrent assez qu’en plusieurs parties de la philologie il fut bien en arrière. L’étude des antiquités est si vaste qu’il n’est possible de soigner les correspondances, sans lesquelles on n’avance guère les emplettes. En vérité, depuis 23 ans que je suis à la tête du Cabinet impérial, j’ai fait des acquisitions considérables, mais elles me sont venues ou par des abolitions de couvents, ou par des achats de quelques petits cabinets, ou par d’autres hasards heureux, tous événements qui m’ont coûté peu de temps »; «Dans ce tems j’ai reçu de Rome le grand et celèbre ouvrage de l’Abbé Marini sur les monumens dei Fratelli arvali, que j’ai étudié avec toute l’attention sans me permettre quelqu’autre occupation»; “vous avez déjà observé que j’attaque également la vôtre comme toutes les autres de cet espèce. Avec tous vos efforts je ne peus pas encore me persuader de leur verité. Cependant comme j’aime la vérite, je mettrai devant les yeux du lecteur dans les Addenda tous les arguments que vous apportez, pour le mettre à même de se pouvoir décider pour ou contre”; “Quant aux médailles de Tralles, vous faites bien de vous ranger dans l’opinion de Sestini, mais je ne lui passe pas de vouloir ôter aux autres villes leurs médailles pour enrichir son Tralles, comme je me suis clairement expliqué dans mon ouvrage” ; "Je suis bien volontiers d’accord avec vous, que les médailles en argent, que j’ai attribuée à Erythrae en Boeotie, appartiennent à l’autre ville de même nom en Ionie, d’abord qu’elles s’y trouvent” (Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, Ms. 5983, f° 17r-18v ; Nicolet-Pierre 1987, p. 207-208; Williams 2015, p. 793, note 52; Missere Fontana 2022, p. 529, note 45, 536, note 116, 537, note 136, 556, note 351, 560, note 405).