-Lettre du 29 mai 1717 (de Constantinople) : « I have already made some progress in a collection of Greek medals. Here are several professed antiquaries, who are ready to serve anybody that desires them, but you can’t imagine how they stare in my face, when I enquire about ’em, as if nobody was permitted to seek after medals till they were grown a piece of antiquity themselves. ...you are not to suppose these antiquaries (who are all Greeks) know anything. Their trade is only to sell. They have correspondents at Aleppo, Grand Cairo, in Arabia, and Palestine, who send them all they can find, and very often great heaps that are only fit to melt into pans and kettles. They get the best price they can for any of ’em, without knowing those that are valuable from those that are not. Those that pretend to skill, generally find out the image of some saint in the medals of the Greek cities. One of them, showing me the figure of a Pallas with a victory in her hand on a reverse, assured me it was the Virgin holding a crucifix. The same man, offered me the head of a Socrates on a sardonyx, and to enhance the value gave him the title of Saint Augustine. » (Montagu 1763, Lettre XXXV, p. 179-181; Halsband 1977, I, p. 360-365; Grundy 1999, p. 163; Woolf 2003, p. 241 n. 82; Chung 2011, pp. 186-93, letter 35; Burnett 2020b, p. 571; Pinault 2022, p. 172, note 66).
French translation: « J’ai déjà un peu avancé une collection de médailles grecques. On trouve ici différents antiquaires de profession qui offrent leurs services à quiconque veut les employer. Mais vous ne sauriez imaginer comment ils me regardent quand je les fait appeller, comme s’il n’était permis à personne de recueillir des médailles que quand on est devenu soi-même une Antique. Je m’en suis procuré de très-estimables des rois de Macédoine, & particuliérement une de Persée, qui est si parlante que je crois voir ses mauvaises qualités sur son visage. J’ai une tête de porphyre d’un beau travail; c’est la vrai sculpture grecque: mais quel est le personnage qu’elle représente, c’est ce que je livrerai aux conjectures des savants à mon retour; car vous n’êtes pas homme à supposer que ces antiquaires, tous grecs, savent quelque chose. Leur métier est de vendre; ils ont des correspondants à Alep, au Grand Caire, en Arabie, & en Palestine, qui leur envoient indistinctement ce qu’ils trouvent, & très-souvent de grandes cargaisons, uniquement propres à faire des marmites & des chaudrons. Ils les vendent le plus qu’ils peuvent, sans discerner le bon du mauvais : ceux qui se donnent pour habiles trouvent à force de recherches la figure de quelque saint sur les médailles des anciennes villes grecques. L’un d’eux, qui me montrait une Pallas, avec une victoire à la main sur un revers, m’assura que c’était une Vierge qui tenait un crucifix. Le même personnage m’a offert une tête de Socrate sur une sardonix, & pour la vanter, il me la donna pour un S. Augustin. Je fais venir une mommie, & j’espère qu’elle arrivera heureusement malgré l’accident survenu à une très-belle, destinée pour le Roi de Suède. Il l’avait achetée bien cher, & les Turcs se mirent dans l’esprit qu’il y avait là-dessous quelque projet important; ils s’imaginèrent que l’état de leur Empire dépendait mystérieusement de sa conservation; on rappella quelques vieilles prophéties, & la mommie fut constituée prisonnière aux Sept Tours, où on la garde de près depuis cette aventure. Je n’ose essayer mon crédit, dans une affaire de cette importance pour obtenir son élargissement; mais j’espere que la mienne passera sans examen. »