| |Grand document=-Lettre sans date (sans lieu) : « Madame, J’ai l’honneur de vous envoier ici 13 pierres du Cabinet du Prince. 1. Le beau camée avec la tête d’Antonin Pie, ouvrage de {Manalas} en sardouin. Si on considere la beauté de la pierre et la difficulté de l’ouvrage, je suis d’accord avec Mr. Mariette que c’est une gravure excellente, mais pour la maniere lêchée qui y regne elle n’est pas comparable à la hardiesse degagée qui se trouve dans le beau siècle des Grecs. 2. La Nymphe et la Faune assis, camée onyx. C’est un des plus beaux ouvrages qui nous restent du temps des Antonins. 3. L’Athryade, cornaline, gravure excellente pour sa profondeur. Vous la trouverez dans Natter. 4. Mercure portant Bachus aux Nymphes, et 5. Cupido clouant Psysche à un arbre, tous les deux en hyacinthe, et tous les deux avec le nom d’Aulus. Ces deux pièces meritent d’être etudiées, toutes les deux sont très ingenieuses et pour la poësie et pour la composition, le travail en est d’une grande maniere. Le nom de Aulus sur le Mercure paroit être gravé avec la pointe de diamant. De tous les ouvrages qui nous restent d’Aulus ce sont sans comparaison les meilleures. Pour moi je choisirois le Mercure. Mariette parle en passant de ces deux gravure. 6. Sphynx en cornaline. L’ouvrage en est precieux, gravée par Chelyon du temps d’Auguste. 7. Tête de Caligula en sarde. C’est sans contredit la plus belle tête de cet Empereur qui y ait au monde. 8. Cupidon avec les mains liés en topase, ouvrage de Nestor. C’est celle que je choisirois peut-être avant toutes les autres. L’air d’antiquité y est parfait, le travail en est beau et il est gravé dans la Grèce du temps des premiers successeurs d’Alexandre. 9. Achile, cornaline, ouvrage hetrusque excellent. Elle a appartenue à Mr. le Comte de Caylus, qui le donne dans son ouvrage, mais assez mal. 10. Un sphynx qui va devorer un homme. Ouvrage hetrusque plus beau à mon avis que le precedent. Dans ces deux gravures vous trouverez une bordure canelée. Lorsque les gravures sont d’ailleurs antiques, ces bordures sont des signes sûrs que l’ouvrage est hetrusque, si même les sujets representés sur ces pierres paroitroient douteux. 11. Jupiter, Serapis, Junon, Harpocrate etc, en cornaline, très belle gravure, et grecque. 12. Tete de loup dans un beau sardoine (je ne vous envoie celle ci que pour la beauté et la singularité de la pierre). 13. Bellerophon est la Chimere, en sardoine. Cette gravure est d’une assez haute antiquité. Le travail y est rude encore, mais il y a de la noblesse dans la composition et dans les figures elles même. Voila tout ce qu’il y a de mieux dans le Cabinet en fait de pierres gravées. Comme ce ne sont pas les miennes et par consequent les vôtres, je vous supplierai de me les rendre dans une semaine. Je souhaite que la soirée de hier ne m’a rien fait perdre de vos bonnes graces, et que vous agreërez comme à l’ordinaire l’attachement inviolable et le profond respect, Madame, de votre obeïssantissime serviteur, Hemsterhuis » (Münster, Universitäts- und Landesbibliothek, Gallitzin Nachlaß, Band 11; Sluis 2011, 1.1, p. 13-14). | | |Grand document=-Lettre sans date (sans lieu) : « Madame, J’ai l’honneur de vous envoier ici 13 pierres du Cabinet du Prince. 1. Le beau camée avec la tête d’Antonin Pie, ouvrage de {Manalas} en sardouin. Si on considere la beauté de la pierre et la difficulté de l’ouvrage, je suis d’accord avec Mr. Mariette que c’est une gravure excellente, mais pour la maniere lêchée qui y regne elle n’est pas comparable à la hardiesse degagée qui se trouve dans le beau siècle des Grecs. 2. La Nymphe et la Faune assis, camée onyx. C’est un des plus beaux ouvrages qui nous restent du temps des Antonins. 3. L’Athryade, cornaline, gravure excellente pour sa profondeur. Vous la trouverez dans Natter. 4. Mercure portant Bachus aux Nymphes, et 5. Cupido clouant Psysche à un arbre, tous les deux en hyacinthe, et tous les deux avec le nom d’Aulus. Ces deux pièces meritent d’être etudiées, toutes les deux sont très ingenieuses et pour la poësie et pour la composition, le travail en est d’une grande maniere. Le nom de Aulus sur le Mercure paroit être gravé avec la pointe de diamant. De tous les ouvrages qui nous restent d’Aulus ce sont sans comparaison les meilleures. Pour moi je choisirois le Mercure. Mariette parle en passant de ces deux gravure. 6. Sphynx en cornaline. L’ouvrage en est precieux, gravée par Chelyon du temps d’Auguste. 7. Tête de Caligula en sarde. C’est sans contredit la plus belle tête de cet Empereur qui y ait au monde. 8. Cupidon avec les mains liés en topase, ouvrage de Nestor. C’est celle que je choisirois peut-être avant toutes les autres. L’air d’antiquité y est parfait, le travail en est beau et il est gravé dans la Grèce du temps des premiers successeurs d’Alexandre. 9. Achile, cornaline, ouvrage hetrusque excellent. Elle a appartenue à Mr. le Comte de Caylus, qui le donne dans son ouvrage, mais assez mal. 10. Un sphynx qui va devorer un homme. Ouvrage hetrusque plus beau à mon avis que le precedent. Dans ces deux gravures vous trouverez une bordure canelée. Lorsque les gravures sont d’ailleurs antiques, ces bordures sont des signes sûrs que l’ouvrage est hetrusque, si même les sujets representés sur ces pierres paroitroient douteux. 11. Jupiter, Serapis, Junon, Harpocrate etc, en cornaline, très belle gravure, et grecque. 12. Tete de loup dans un beau sardoine (je ne vous envoie celle ci que pour la beauté et la singularité de la pierre). 13. Bellerophon est la Chimere, en sardoine. Cette gravure est d’une assez haute antiquité. Le travail y est rude encore, mais il y a de la noblesse dans la composition et dans les figures elles même. Voila tout ce qu’il y a de mieux dans le Cabinet en fait de pierres gravées. Comme ce ne sont pas les miennes et par consequent les vôtres, je vous supplierai de me les rendre dans une semaine. Je souhaite que la soirée de hier ne m’a rien fait perdre de vos bonnes graces, et que vous agreërez comme à l’ordinaire l’attachement inviolable et le profond respect, Madame, de votre obeïssantissime serviteur, Hemsterhuis » (Münster, Universitäts- und Landesbibliothek, Gallitzin Nachlaß, Band 11; Sluis 2011a, 1.1, p. 13-14). |