| |Grand document=-Lettre du 9 juin 1770 (de Naples) : « Monsieur, vous ne sauriez concevoir mon allégresse rien qu’en voyant le dessus de votre lettre écrit de votre main. J’ai vu par là que votre vue était retrouvée, et c’est assurément la plus agréable nouvelle qui pût m’arriver de Paris. J’en étais en peine ; cependant je n’en desespérai pas, et je puis vous assurer que malgré votre libellum répudii envoyé aux médailles, j’en cherchais, et j’en cherche pour vous ; mais elles sont si difficiles à rencontrer que rien jusqu’à cette heure ne s’est présenté. L’abbé Zarillo a été à Rome, et ne m’a rien rapporté. L’abbé Alfano est aussi revenu ici de Rome, car il ne compte pas cette année faire le voyage de Paris. Il n’a avec lui qu’un médaillon de Commode qu’il dit retrouvé dernièrement à Rome, mais les bords me le rendent douteux. Nous avons eu ici un père minime français antiquaire. Je crois qu’il s’appelle le père Magnan. Il est allé faire le tour de la Calabre et de la Sicile, et assurément il ramassera des médailles de villes, mais je ne crois pas qu’il trouvera beaucoup de nouveau. Il en a fait dessiner un grand nombre. Ce Mr Calefati qui a la médaille de Bitonto, me dit qu’il a déterré aussi une médaille de Canosa. Je ne l’ai pas encore vue. Je désespère de pouvoir la lui arracher. On a vu ici de même un Priscus Attalus d’argent, mais le propriétaire n’a pas trop d’envie de le vendre. Je vous prie de me dire combien vous l’estimez. Un Président Sanucci est mort. Il a laissé un petit cabinet assez mauvais dans lequel il n’y a de rare que la médaille du (tyran ?) Jean en petit bronze, qu’il publia aussi avec une dissertation il y a quelques années. La veuve voudrait savoir le prix de cette médaille. Voilà toutes les nouvelles de la numismatique, que je puis vous donner. Je verrai avec un plaisir extrême votre petit supplément que vous venez de publier. Il est vrai. On ne retire de l’imprimerie que des tracasseries et des chagrins. Pour moi, j’ai été encore mieux partagé, car la librairie s’est fait saisir ses meubles plutôt que de me payer, et les économistes en ont été jusqu’aux injures, et aux personnalités les plus indécentes, et les plus grossières pour bien défendre comme ils disent les droits des citoyens, et la propriété. Mais tout cela ne me fait rien. Il me suffit d’avoir plû à mes amis. Votre suffrage me vaut plus que toutes les éphémèrides. Faites-moi écrire par monsieur votre fils, et ne fatiguez pas votre vue. Excusez la petitesse de la feuille, et croyez moi toujours etc. Galiani » (f° 10) | | |Grand document=-Lettre du 9 juin 1770 (de Naples) : « Monsieur, vous ne sauriez concevoir mon allégresse rien qu’en voyant le dessus de votre lettre écrit de votre main. J’ai vu par là que votre vue était retrouvée, et c’est assurément la plus agréable nouvelle qui pût m’arriver de Paris. J’en étais en peine ; cependant je n’en desespérai pas, et je puis vous assurer que malgré votre libellum répudii envoyé aux médailles, j’en cherchais, et j’en cherche pour vous ; mais elles sont si difficiles à rencontrer que rien jusqu’à cette heure ne s’est présenté. L’abbé Zarillo a été à Rome, et ne m’a rien rapporté. L’abbé Alfano est aussi revenu ici de Rome, car il ne compte pas cette année faire le voyage de Paris. Il n’a avec lui qu’un médaillon de Commode qu’il dit retrouvé dernièrement à Rome, mais les bords me le rendent douteux. Nous avons eu ici un père minime français antiquaire. Je crois qu’il s’appelle le père Magnan. Il est allé faire le tour de la Calabre et de la Sicile, et assurément il ramassera des médailles de villes, mais je ne crois pas qu’il trouvera beaucoup de nouveau. Il en a fait dessiner un grand nombre. Ce Mr Calefati qui a la médaille de Bitonto, me dit qu’il a déterré aussi une médaille de Canosa. Je ne l’ai pas encore vue. Je désespère de pouvoir la lui arracher. On a vu ici de même un Priscus Attalus d’argent, mais le propriétaire n’a pas trop d’envie de le vendre. Je vous prie de me dire combien vous l’estimez. Un Président Sanucci est mort. Il a laissé un petit cabinet assez mauvais dans lequel il n’y a de rare que la médaille du (tyran ?) Jean en petit bronze, qu’il publia aussi avec une dissertation il y a quelques années. La veuve voudrait savoir le prix de cette médaille. Voilà toutes les nouvelles de la numismatique, que je puis vous donner. Je verrai avec un plaisir extrême votre petit supplément que vous venez de publier. Il est vrai. On ne retire de l’imprimerie que des tracasseries et des chagrins. Pour moi, j’ai été encore mieux partagé, car la librairie s’est fait saisir ses meubles plutôt que de me payer, et les économistes en ont été jusqu’aux injures, et aux personnalités les plus indécentes, et les plus grossières pour bien défendre comme ils disent les droits des citoyens, et la propriété. Mais tout cela ne me fait rien. Il me suffit d’avoir plû à mes amis. Votre suffrage me vaut plus que toutes les éphémèrides. Faites-moi écrire par monsieur votre fils, et ne fatiguez pas votre vue. Excusez la petitesse de la feuille, et croyez moi toujours etc. Galiani » (f° 10) |