Mary Wortley Montagu - Antonio Conti - 1717-5-29
FINA IDUnique ID of the page ᵖ | 8391 |
InstitutionName of Institution. | |
InventoryInventory number. | |
AuthorAuthor of the document. | Mary Wortley Montagu |
RecipientRecipient of the correspondence. | Antonio Conti |
Correspondence dateDate when the correspondence was written: day - month - year . | May 29, 1717 |
PlacePlace of publication of the book, composition of the document or institution. | Istanbul 41° 0' 34.67" N, 28° 57' 54.58" E |
Associated personsNames of Persons who are mentioned in the annotation. | |
LiteratureReference to literature. | Montagu 1763, Lettre XXXV, p. 179-1811, Halsband 1977, I, p. 360-3652 |
KeywordNumismatic Keywords ᵖ | greek, local finds, coin dealers, macedonia, perseus, alep, cairo, market, christianism |
LanguageLanguage of the correspondence | |
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-Lettre du 29 mai 1717 (de Constantinople) : « J’ai déjà un peu avancé une collection de médailles grecques. On trouve ici différents antiquaires de profession qui offrent leurs services à quiconque veut les employer. Mais vous ne sauriez imaginer comment ils me regardent quand je les fait appeller, comme s’il n’était permis à personne de recueillir des médailles que quand on est devenu soi-même une Antique. Je m’en suis procuré de très-estimables des rois de Macédoine, & particuliérement une de Persée, qui est si parlante que je crois voir ses mauvaises qualités sur son visage. J’ai une tête de porphyre d’un beau travail; c’est la vrai sculpture grecque: mais quel est le personnage qu’elle représente, c’est ce que je livrerai aux conjectures des savants à mon retour; car vous n’êtes pas homme à supposer que ces antiquaires, tous grecs, savent quelque chose. Leur métier est de vendre; ils ont des correspondants à Alep, au Grand Caire, en Arabie, & en Palestine, qui leur envoient indistinctement ce qu’ils trouvent, & très-souvent de grandes cargaisons, uniquement propres à faire des marmites & des chaudrons. Ils les vendent le plus qu’ils peuvent, sans discerner le bon du mauvais : ceux qui se donnent pour habiles trouvent à force de recherches la figure de quelque saint sur les médailles des anciennes villes grecques. L’un d’eux, qui me montrait une Pallas, avec une victoire à la main sur un revers, m’assura que c’était une Vierge qui tenait un crucifix. Le même personnage m’a offert une tête de Socrate sur une sardonix, & pour la vanter, il me la donna pour un S. Augustin. Je fais venir une mommie, & j’espère qu’elle arrivera heureusement malgré l’accident survenu à une très-belle, destinée pour le Roi de Suède. Il l’avait achetée bien cher, & les Turcs se mirent dans l’esprit qu’il y avait là-dessous quelque projet important; ils s’imaginèrent que l’état de leur Empire dépendait mystérieusement de sa conservation; on rappella quelques vieilles prophéties, & la mommie fut constituée prisonnière aux Sept Tours, où on la garde de près depuis cette aventure. Je n’ose essayer mon crédit, dans une affaire de cette importance pour obtenir son élargissement; mais j’espere que la mienne passera sans examen. » (Montagu 1763, Lettre XXXV,, p. 179-181 et Halsband 1977, I, p. 360-365).
pour la traduction française, A.-M. Moulin, P. Chuvin, Lady Mary Montagu, l’Islam au péril des femmes, une Anglaise en Turquie au XVIIIe siècle, Paris, 1981, p. 177-178 – info : Guy Meyer (fr)