| |Grand document=-Lettre du 23 août 1770 (de Saint-Victor) : « Monsieur et très respectable maître, ma première inquiétude de votre silence roule sur votre santé. Je connais votre exactitude, et je m’alarme de voir plus de 15 jours écoulés sans avoir reçu de réponse à la lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire. Peut-être ne vous est-elle point parvenue. Elle était sous enveloppe et contenait un petit quinaire d’or que je vous envoyais à juger, sans oser, je crois, avancer la moindre conjecture. J’étais en ce moment trop affecté du tour récent et perfide que m’a joué le brocanteur d’Ennery, pour avoir pu m’empêcher de vous en rendre compte. Il se propose d’en jouer un tour pareil à peu près à Mr du Thuison avec lequel je suis en correspondance, et qui se flatte d’être au nombre de vos amis. Je finissais par vous conjurer, avec toute l’instance possible, Monsieur, de daigner subvenir dans cette conjoncture où je voyais renversées sans ressource toutes mes espérances pour l’embellissement de mon cabinet, je vous suppliais, Monsieur, de vous donner la peine d’examiner dans vos doubles hors suite, et de voir s’il vous serait absolument impossible de m’en composer une petite pacotille, pour laquelle je déposerais à vos pieds un peu de monnaie moderne, n’en possédant point d’antique digne de vous être offerte. Je crois aussi que je prenais la liberté de vous demander les causes de la rareté des Tibères en grand bronze, tandis que les médailles de ce prince en tous autres modules et métaux sont si communes. Voilà, Monsieur, à quoi je réduisais toute ma dernière, que j’aime à m’imaginer s’être égarée, parce que cet accident est le moindre qui puisse venir à ma pensée. Je vous prie de me calmer sur toute autre inquiétude et de me croire avec l’attachement le plus sincère et le plus profond respect, votre très humble et très obéissant serviteur. Desaint-Victor. PS. Mon adresse est toujours à Rouen. Si je suis assez heureux pour que vous me daignez faire quelque envoi, je vous prie de l’y adresser. Vous (ai-je) déjà dit, Monsieur, que la Plotine était une des médailles capitales dont l’absence déshonorait le plus ma collection d’argent ?» (Paris, BnF, Manuscrits, Français N. Acq. 1074, f° 149; Doyen - Rambach 2020, p. 20). | | |Grand document=-Lettre du 23 août 1770 (de Saint-Victor) : « Monsieur et très respectable maître, ma première inquiétude de votre silence roule sur votre santé. Je connais votre exactitude, et je m’alarme de voir plus de 15 jours écoulés sans avoir reçu de réponse à la lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire. Peut-être ne vous est-elle point parvenue. Elle était sous enveloppe et contenait un petit quinaire d’or que je vous envoyais à juger, sans oser, je crois, avancer la moindre conjecture. J’étais en ce moment trop affecté du tour récent et perfide que m’a joué le brocanteur d’Ennery, pour avoir pu m’empêcher de vous en rendre compte. Il se propose d’en jouer un tour pareil à peu près à Mr du Thuison avec lequel je suis en correspondance, et qui se flatte d’être au nombre de vos amis. Je finissais par vous conjurer, avec toute l’instance possible, Monsieur, de daigner subvenir dans cette conjoncture où je voyais renversées sans ressource toutes mes espérances pour l’embellissement de mon cabinet, je vous suppliais, Monsieur, de vous donner la peine d’examiner dans vos doubles hors suite, et de voir s’il vous serait absolument impossible de m’en composer une petite pacotille, pour laquelle je déposerais à vos pieds un peu de monnaie moderne, n’en possédant point d’antique digne de vous être offerte. Je crois aussi que je prenais la liberté de vous demander les causes de la rareté des Tibères en grand bronze, tandis que les médailles de ce prince en tous autres modules et métaux sont si communes. Voilà, Monsieur, à quoi je réduisais toute ma dernière, que j’aime à m’imaginer s’être égarée, parce que cet accident est le moindre qui puisse venir à ma pensée. Je vous prie de me calmer sur toute autre inquiétude et de me croire avec l’attachement le plus sincère et le plus profond respect, votre très humble et très obéissant serviteur. Desaint-Victor. PS. Mon adresse est toujours à Rouen. Si je suis assez heureux pour que vous me daignez faire quelque envoi, je vous prie de l’y adresser. Vous (ai-je) déjà dit, Monsieur, que la Plotine était une des médailles capitales dont l’absence déshonorait le plus ma collection d’argent ?» (Paris, BnF, Manuscrits, Français N. Acq. 1074, f° 149; Doyen - Rambach 2020, p. 20). |