-Lettre du 30 juin 1700 (de Caen) : « Je vous laisse examiner quelle est la première année de l’époque marquée sur la petite médaille de Jules César » retour à l’abréviation de CONS. sur les les médailles, remarques sur une médaille de Faustine ; « Avant de finir ma lettre, je prends mon Révérend Père, la liberté de vous proposer l’exemple du P. Hardouin, et de vous représenter que je vous en vois approcher de si près, que je crains que vous ne l’imitiez bientôt, en prenant comme lui les ténèbres pour la lumière, et la fausseté pour la vérité. Vous voyez bien que ses préoccupations invincibles l’ont jeté dans un labyrinthe dont il ne peut plus sortir, et où l’on prend plaisir de le voir errer, sans que l’on fasse la moindre démarche pour lui montrer la route qu’il faut tenir pour en trouver l’issue. En effet, il écrit, il dit, il publie, et il exagère tout ce qu’il lui plaît, et personne ne le contredit, quoque l’on n’ajoute pas foi à aucune de ses imaginations. L’on se contente de s’en divertir, et au lieu de le plaindre de son égarement, l’on souhaite de voir de nouveaux ouvrages de sa composition, pour avoir de nouveaux sujets de divertissements. Il est vrai que je ne me divertirais pas de vos lettres si elles devenaient semblables à ses écrits. Ce n’est pas mon humeur de me divertir aux dépens des autres. Je voudrais que l’on s’aidât des lumières les uns les autres, chacun dans sa profession, sans entêtement, sans jalousie, et sans contestations inutiles, qui refroidissent tôt ou tard, si elles ne rompent pas l’amitié. Mais, je ne puis dissimuler qu’après avoir pris tant de plaisir aux lettres dont vous m’avez honoré ci-devant j’aurais une mortification très sensible d’être obligé de vous prier de vouloir bien que nous rompions notre commerce de disputes et de contestations, qui seraient si infructueuses. Car, vos subtilités ne seraient pas capables de me faire changer mes sentiments, qui selon ma coutume, se régleraient toujours sur la vérité toute nue, autant que j’en serais capable, et mes raisons seraient inutiles pour détruire les vôtres, nonobstant leur peu de solidité. Votre Révérence peut voir aussi qu’il ne serait pas juste que mes occupations et mes études fussent détournées pour recueillir si peu d’agrément, et si peu de fruit de la peine que je me donnerais. Cela ne m’empêcherait pas de vous faire part de nos nouvelles acquisitions, suivant lesquelles vous feriez vos méditations particulières, suivant vos vues et vos principes » (Paris, BnF, Ms, Fonds Français 6138, Galland. Correspondance de Caen, p. 75-82; Abdel Halim p. 315-317, n° CXXXI).